Il y a de ces décisions artistiques que l’on peine à comprendre. Parmi celles-ci, la volonté de Netflix de continuer à exploiter les aventures légales de Mickey Haller, un avocat imaginé par l’un des maîtres du policier américain, Michael Connelly, sous la forme d’une série télévisée.
Intitulée The Lincoln Lawyer, cette série reprend non seulement le nom de la série de romans rédigés par Connelly, mais se retrouve forcément dans le même espace médiatique que le film du même nom, sorti en 2011. Car oui, les aventures de M. Haller ont déjà été adaptées au cinéma, en 2011, dans le cadre d’un très bon film mettant en vedette nul autre que Matthew McConaughey.
Cette fois, c’est l’acteur Manuel Garcia-Rulfo qui interprète l’avocat qui doit défendre un client en apparence coupable du crime dont il est accusé. Au fil des épisodes, cet avocat de la défense consacrera toutes ses énergies à tenter de trouver une solution pour éviter que son client ne soit condamné… et que sa propre réputation ne soit torpillée.
Sur le plan scénaristique, cette première saison ne commet pas d’impair impardonnable. Le problème est ailleurs. D’abord, autant M. Garcia-Rulfo semble chercher à faire son possible pour jouer un homme torturé, accablé par ses problèmes personnels et professionnels qui s’entremêlent, autant il n’arrive pas à la cheville de M. McConaughey. Peu de gens y parviennent, en fait, ce qui rend la chose encore plus complexe.
Autre problème : celui de la « formule » Netflix. Bon, cet inconvénient n’est pas l’apanage de ce seul service de diffusion en continu, mais pour maximiser l’engagement et l’écoute des téléspectateurs, il est de bon ton d’étirer la sauce, en quelque sorte. Ici, nous avons droit à 10 épisodes d’environ une heure chacun, pour raconter une histoire qui était très bien résumée en 1h58, au cinéma. Forcément, le public aura droit à des longueurs, à du contenu inutile… On aurait fort probablement pu retrancher trois ou quatre heures de contenu sans saper l’intérêt envers la série, bien au contraire.
Et cette volonté de prolonger le « plaisir » fait aussi en sorte, étrangement, que les deux histoires qui s’entrecoupent – Mickey Haller avec son procès, et son ex-femme, jouée par la très bonne Neve Campbell, avec ses propres démarches pour faire condamner le chef d’un réseau de trafic d’esclaves – s’inscrivent elles aussi dans une troisième histoire, soit celle de M. Haller, toujours lui, qui cherche à faire libérer l’un de ses clients emprisonné injustement. Pire encore, tout ce beau monde, tous ces arcs narratifs se concluent en environ une heure et des poussières, ce qui donne franchement l’impression que les scénaristes manquaient de temps pour compléter leur travail.
Bref, The Lincoln Lawyer, saison 1, est un pauvre ersatz des livres de Michael Connelly, et une mauvaise adaptation du film du même nom. Et qui a eu l’idée de remplacer la magnifique voiture du film par un VUS excessivement beige et ennuyant? De là à trouver qu’il s’agit d’une analogie à propos de la série dans son ensemble, il n’y a qu’un pas.