On le connaît pour le voir, depuis 22 ans, à la barre de l’essentielle émission Infoman, mais Jean-René Dufort, le journaliste qui n’en est pas un, possède pourtant tout ce qu’il faut pour justement faire partie du groupe des reporters, y compris l’oeil pour la photo. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’est présentée Mon Amérique, une exposition tenue au Centre d’art Diane-Dufresne, jusqu’au 2 octobre, à Repentigny.
22 ans et un nombre particulièrement élevé de voyages à l’étranger pour des reportages, justement, cela donne l’occasion de saisir des instants, des gens, des atmosphères, et de les figer sur pellicule. Ou, sans doute, sous forme de zéros et de uns sur une carte mémoire. Il faut être de son temps, après tout!
Ce n’est pas la première fois où M. Dufort expose ses photos. On peut notamment penser à son recueil Mon oeil!, publié en 2016 aux Éditions La Presse, où l’on avait déjà droit à 150 clichés pris au cours des années, le tout accompagné de courtes descriptions.
Ici, pas de textes, mais surtout un regard. Car l’Amérique de Jean-René Dufort est largement une Amérique de contrastes, oui, mais également une terre de drame et de difficultés. De la pauvreté ordinaire aux résultats de la violence de la nature – ou de la nature humaine –, en passant par les petits gestes du quotidien, l’exposition met de l’avant les émois et les convulsions d’un monde en constante transformation.
Est-ce pour le meilleur ou pour le pire? L’animateur/photographe ne propose pas de réponse, mais nul ne remet en doute sa capacité de capter l’ordinaire et l’extraordinaire. Comme si, sans surprise, la vie ici était faite de petits et de grands moments, qu’il s’agisse des conséquences d’un violent séisme ou, plus simplement, mais de façon presque aussi dramatique, d’une personne pauvre couchée là, sur la place publique, offerte au regard de tous.
Tout cela tombe dans l’oeil de Jean-René Dufort, qui saisit à chaque fois des instants d’éternité, des moments bien précis de l’existence humaine.
Certes, il n’est pas le premier photographe de presse, en quelque sorte. Et il y a fort à parier qu’il ne sera pas le dernier. Il n’en reste pas moins que l’animateur d’Infoman présente ici le fruit d’une réflexion éditoriale qui va généralement au-delà du ton majoritairement bon enfant de son émission. Ou, du moins, qui est plus directe que le fait d’aller tailler le bout de gras avec Jacques Gourde, par exemple.
Et donc, on a ici accès à un point de vue plus direct. Une vision du monde dont on aurait bien tord de se priver.