Imaginer l’avenir du carburant sous la forme d’une poudre, à la fois recyclable et métallique: voilà ce qu’explore actuellement une équipe de chercheurs de l’Université McGill. Brûler des poudres métalliques, comme le fer ou l’aluminium, pourrait en effet, disent-ils, alimenter des moteurs à combustion externe utilisés en industrie, en remplacement du charbon, du nucléaire ou des biocarburants.
Il s’agit, pour ce groupe de chercheurs, d’une première étape vers le développement d’un carburant similaire pour propulser les carburateurs internes de voitures. « Nos recherches sur la combustion des métaux nous montrent que l’énergie libérée pourrait alimenter les carburateurs de manière tout à fait propre puisqu’ils ne dégagent pas de CO2 », assure le doctorant du Laboratoire de carburants alternatifs de l’Université McGill, Philippe Julien.
Autrement dit, produire de l’énergie en brûlant du fer en poudre — fine comme de la farine, de 5 à 6 microns. La poudre de fer, une fois brûlée, se transformerait en oxyde de fer qu’il est possible de réutiliser. La densité énergétique, selon les chercheurs, y serait supérieure à un volume similaire d’essence.
Pour la voiture, il faudra toutefois attendre : pour l’instant, l’équipe du professeur de génie mécanique Jeffrey Bergthorson travaille encore sur le prototype d’un brûleur capable de fonctionner au carburant en poudre. Faire circuler correctement cette poudre devant le brûleur constitue la principale difficulté. « Contrairement à un liquide que l’on peut injecter, il faut pouvoir disperser la poudre en suspension selon le bon ratio air-poudre », explique Philippe Julien. Un ajustement sur lequel travaillent encore les chercheurs pour mettre la dernière main à leur prototype.
La poudre métallique la plus prometteuse serait la poudre de fer purifiée. Ce métal est à la fois peu onéreux, facile à collecter et à transformer.
Retour de flamme
« C’est vraiment une idée de chercheurs fondamentaux et ça n’ira nulle part », réplique de son côté le physicien Pierre Langlois. Le blogueur du site Roulez électrique pense que cette avenue ne remplacera jamais l’électrification des transports qu’il perçoit comme l’avenir de l’automobile.
Les stations de recharge électrique ultrarapide pour les autobus et les voitures, les batteries à grande autonomie et les camions électriques seraient presque à nos portes, selon le consultant en mobilité durable qui voit trois faiblesses à ce nouveau procédé : « l’inefficacité de cette solution, le prix aussi coûteux que l’essence et les dommages à l’environnement, car il faudra extraire cette ressource naturelle, la purifier et la transformer afin de pouvoir l’utiliser .»