Un nouveau modèle de revenu universel garanti pourrait réduire le taux de pauvreté de plus de la moitié, le tout à coût nul, en faisant baisser ledit taux à son plus bas en 60 ans, selon une étude en partie réalisée à l’Université de York, au Royaume-Uni.
Dans le cadre du 80e anniversaire de la publication d’un rapport historique sur la pauvreté chez les Britanniques, les nouveaux travaux de recherche de l’organisation Basic Income Conversation and Compass représentent la plus importante tentative, à ce jour, pour évaluer les impacts d’un programme de revenu universel garanti, et la plus grande sécurité en matière de revenu qui y est associée.
Ce système à coût nul n’impliquerait pas d’autres ponctions dans les finances publiques britanniques, pas plus que cela n’entraînerait une hausse des impôts : le coût des paiements supplémentaires serait exactement compensé par les revenus additionnels obtenus en transformant les paliers fiscaux et les cotisations publiques au programme appelé National Insurance, écrivent les auteurs de l’étude.
En vertu de ce modèle, et comparativement à ce qui existe actuellement au Royaume-Uni, la pauvreté infantile diminuerait de plus de la moitié, affirme-t-on, pour s’établir à 12,5 %.
Chez la population active, la pauvreté baisserait du quart, pour passer de 19,4 % à 14,9 %; du côté des aînés, ce taux reculerait de 54 %, pour se situer à 7,7 %, soit bien en deçà du taux de 14 %, soit le plus bas auparavant recensé depuis 1961.
Quant au coefficient de Gini, une mesure de l’inégalité dans une société, il reculerait de 12,5 points de pourcentage, ce qui le rapprocherait du meilleur taux obtenu, durant les années 1970.
Toujours au dire des chercheurs, les gains les plus importants seraient concentrés chez les moins bien nantis, alors que ce serait les plus riches qui seraient les plus désavantagés par ce nouveau système.
Transformer le filet social et les impôts
Et comment ce nouveau programme fonctionnerait-il, surtout en matière de transformation des systèmes fiscaux et financiers existants au Royaume-Uni?
Les chercheurs proposent deux grands changements : tout d’abord, des paiements hebdomadaires garantis de 41 livres sterling par enfants et de 63 livres par adulte en âge de travailler, ce qui représenterait un plancher financier de près de 11 000 livres par an pour une famille de quatre.
Ensuite, une série d’ajustement fiscaux pour le salaire minimum garanti hebdomadaire : la somme minimale offerte serait établie à 750 livres, les taux fiscaux seraient augmentés de l’équivalent de trois cents par dollar, et le système actuel de contributions à l’Assurance nationale serait adapté.
Au dire des spécialistes, en plus d’assurer la neutralité fiscale du système, ces changements permettent de s’assurer que les gains sont concentrés chez les plus pauvres.
Selon la professeure Kate Pickett, l’une des coautrices de l’étude, « voici la preuve qu’un revenu universel garanti est abordable et bénéfique – imaginez à quel point cela ferait du bien de s’attaquer à la pauvreté des enfants tout en renforçant la sécurité financière de tous. Cela pourrait représenter un pas de géant pour créer un meilleur monde post-COVID ».
De son côté, Neal Lawson, directeur de l’organisation Compass, a ajouté « qu’en cette époque de forte croissance de la pauvreté, cette étude démontre que le revenu universel garanti peut nous ramener au plus faible taux de pauvreté infantile en plus de 50 ans, et ce sans coûts supplémentaires pour le Trésor ».
« En démontrant que le revenu universel garanti peut à ce point lutter contre la pauvreté, sans coûts supplémentaires pour les finances de la nation, cette étude fait de ce changement révolutionnaire une décision politique, et non pas un choix économique. »