Le pari de la nostalgie continue de l’emporter, alors qu’après plusieurs années à être repoussé, la suite tant attendue du grand classique qu’est Top Gun prend finalement l’affiche. Sans tout à fait voler de ses propres ailes, disons néanmoins que ce Maverick finit quand même par prendre son envol avec panache à plus d’un moment.
Le réalisateur Joseph Kosinski est un esthète qui s’applique toujours au-dessus de la moyenne. Il a usé de l’excuse futuriste pour taquiner les motos avec Tron : Legacy et a donné dans la haute voltige avec Oblivion. C’est pourtant avec l’impressionnant et surprenant Only the Brave qu’il a montré tout son savoir-faire émotionnel.
Il ne faut toutefois pas se méprendre. Top Gun : Maverick a beau être attribué à Kosinski et mélanger à la fois les motos, les séquences aériennes et l’émotion, tout comme offrir encore de superbes images de son directeur photo habituel Claudio Miranda, c’est bel et bien un film de Tom Cruise. Et Cruise étant un vieux de la veille, il aime faire les choses comme on le faisait lorsqu’il a commencé dans l’industrie, ce qui, de manière étonnante, agit définitivement comme un vent de fraîcheur parmi les trop nombreuses mégaproductions génériques actuelles.
Tout le monde a bien fait ses devoirs et, bien que le scénario aie la griffe de Christopher McQuarrie (un autre collaborateur de Cruise, d’ailleurs), pas question que le film ressemble à autre chose que ce que Top Gun représente à la fois de manière concrète que dans l’imaginaire collectif. De fait, le canevas initial est tellement similaire et suivi à la lettre que plusieurs séquences, celle d’ouverture notamment, sont bien plus qu’un simple pastiche, mais presque intégralement une reproduction quasi complète.
Au reste, le long-métrage s’avère probablement aussi futile que l’original qui, malgré son parcours qui l’a mené aux Oscars, était un divertissement léger et sans prétention parfaitement bien adapté pour la période cinématographique estivale. Quoique moins drôle et un brin moins libre et spontané que son prédécesseur (probablement la pression des attentes), voilà quand même un exemple à suivre. Non seulement parce que l’œuvre prend son temps sans s’avérer trop opportuniste, mais aussi parce qu’elle s’assure de vraiment bien faire les choses et de ne pas commencer une piste qu’ils ne pourront pas satisfaire.
Cette manière de ne rien précipiter joue toutefois ici et là sur l’appréciation de la chose. La complexité émotionnelle est identique au traumatisme du premier épisode, on n’approfondit pas nécessairement tant que cela la profondeur des personnages, comme les tensions sont un peu superficielles, et en faisant table rase de tous les éléments humains du premier film, le court cameo de Val Kilmer apparaît pratiquement comme risible tellement cela manque d’une véritable raison d’être autre que de plaire aux fans. Oui, on apprécie que toute la tension homoérotique a été adaptée pour son époque et se déroule presque entièrement par messages textes, mais on n’aurait pas dit non à aussi revoir les nombreux Meg Ryan, Kelly McGillis et pourquoi pas Tim Robbins, pourtant tous encore en vie.
Il faut admettre que la relève a quand même du charisme. La toujours splendide Jennifer Connelly et le dévoué Miles Teller sont encore excellents sous le regard de Kosinski, alors que les nombreux Jon Hamm, Ed Harris et Glen Powell ne sont plus à présenter. D’autres visages moins familiers, comme Bashir Salahuddin et Monica Barbaro, font beaucoup de bien à voir. Sauf que l’enchaînement des scènes manque un peu de momentum pour véritablement être justifié, surtout dans la première heure.
Heureusement, là où le film montre véritablement son amélioration, c’est dans sa dernière demi-heure. Exactement au moment où le premier film perdait un peu en intérêt, ici, c’est là où il prend vraiment finalement son envol. De manière époustouflante il nous tient en haleine à sa manière et sans pour autant transformer sa vocation ou son style. Plus facile à dire qu’à faire, comme on continue l’immersion du côté de nos personnages en ne prenant jamais le parti de l’ennemi pratiquement invisible, évitant de transformer ces captivantes séquences d’action aux Mission : Impossible auquel Cruise prend part depuis plusieurs décennies.
Top Gun : Maverick est donc un film d’une impressionnante élégance. Une suite respectable et honorable par sa sincérité (pas de fonds verts ici), d’une expertise technique qui en met plein la vue, mais qui manque peut-être de ce je-ne-sais-quoi pour l’élever davantage. S’il y a de l’humour ici et là, on s’amuse moins qu’on le voudrait et il manque définitivement de phrases qui pourraient devenir cultes. Et la trame sonore, propulsée par une chanson sirupeuse de Lady Gaga, n’a en rien le calibre du premier tour, même en ramenant des chansons ou en misant dans le répertoire d’hier. Flamboyant donc, sans être révolutionnaire.
À voir idéalement dans le format IMAX, dans lequel il a été tourné.
7/10
Top Gun : Maverick prend l’affiche ce vendredi 27 mai. Plusieurs représentations ont lieu ce jeudi.