Les choucas, un groupe d’espèces d’oiseaux, utilisent un processus « démocratique » pour décider du moment où ils quitteront leur perchoir, révèle une nouvelle étude.
En hiver, ces choucas s’agglutinent par centaines, voire par milliers, et il est fréquent qu’une bonne partie, voire l’ensemble de ces oiseaux s’envolent au même moment, lorsque le soleil se lève.
Dans le cadre de nouveaux travaux, une équipe menée par l’Université d’Exeter a enregistré les appels d’éveil des choucas qui sont entendus avant ces envols de groupe, à plusieurs endroits dans la région de Cornouailles.
En combinant ces sons avec des tests lors desquels des appels préenregistrés de choucas ont été rejoués auprès d’une colonie d’oiseaux, l’équipe de recherche a constaté que les appels des oiseaux servaient de démarche pour « prendre une décision de façon consensuelle ».
« Après avoir niché en grand groupe durant la nuit, chaque choucas aura une préférence légèrement différente à propos du moment où il voudra quitter l’endroit, en fonction de facteurs comme leur taille et leur désir de se nourrir », a indiqué Alex Dibnah, qui a dirigé les travaux de recherche.
« Cependant, il est utile de parvenir à un consensus. Quitter le perchoir en groupe a plusieurs avantages, notamment une protection contre les prédateurs et un accès à des informations, notamment sur les endroits où trouver de la nourriture. »
« Notre étude démontre qu’avec leurs cris, les choucas viennent en fait « voter », et lorsque les cris atteignent un niveau suffisant, le groupe s’envole », ajoute le chercheur.
L’équipe de chercheurs, qui regroupaient aussi des scientifiques de l’Université de Cambridge et du Centre pour la recherche écologique et les applications en foresterie de Barcelone, a également découvert que les envols de groupe se produisaient pratiquement instantanément, les oiseaux s’envolant en moins de cinq secondes, en moyenne.
Il a également été constaté que ces envols se produisaient pendant la période allant de 45 minutes avant l’aube à 15 après le lever du soleil, et que la pluie et une couverture nuageuse importante avaient tendance à retarder le départ.
Les chercheurs ont aussi observé que lorsque l’intensité des appels augmentait plus rapidement, les oiseaux s’envolaient plus vite.
Le fait de jouer des enregistrements d’appels a permis de devancer les envols d’environ six minutes, en moyenne. Et les enregistrements de bruit de vent, eux, n’ont pas accéléré le départ des oiseaux, ce qui laisse entendre que les choucas réagissent spécifiquement aux appels de leurs congénères, et non pas au bruit en général.
Ces oiseaux ne quittent cependant pas toujours leur perchoir en groupe. Si le niveau sonore des appels n’augmente pas suffisamment, les membres du groupe ne parviennent pas à un consensus et vont plutôt s’envoler par petites bandes.
Selon le professeur Alex Thornton, du Centre for Ecology and Conservation de l’Université d’Exeter, les résultats des travaux « nous aide à comprendre comment de très grands groupes d’animaux peuvent coordonner leurs actions, quelque chose qui avait rarement été testé en détail auparavant. Nos travaux sont aussi des preuves supplémentaires du fait que la vocalisation est vraiment fondamentale pour permettre à certaines espèces de prendre des décisions en groupe. Alors, il faut enquêter sur ce qui se passe lorsque les humains créent de la pollution sonore qui pourrait influencer la façon dont les informations circulent dans ces groupes sociaux ».