À peine 7 % d’un groupe de plus de 1000 habitants de Londres consultés dans le cadre d’un sondage ne s’inquiètent pas du prix du chauffage de leur résidence, l’hiver prochain, alors qu’environ les deux tiers (65 %) des participants à ce coup de sonde disent plutôt être beaucoup, voire très inquiets.
Ces résultats, obtenus par des chercheurs de l’Université Queen Mary, à Londres, révèlent à quel point la hausse du coût de la vie, notamment imputable à l’inflation, mais aussi aux impacts des retombées de la COVID-19, est au centre des priorités des résidents de la capitale britannique.
De fait, lorsqu’interrogés à propos de ce qui impose le plus de pression sur leurs finances, environ la moitié (48 %) mentionnent les coûts du chauffage et de l’électricité, alors que 23 % parlent plutôt du loyer ou des paiements d’hypothèques, tandis que d’autres sondés évoquent d’autres dépenses domestiques comme la nourriture et l’essence.
Le coup de sonde indique que les Londoniens réclament des gestes immédiats pour réduire la pression sur les budgets des ménages; par exemple, près des deux tiers des personnes consultées (64 %) seraient favorables à une taxe sur les profits des compagnies d’énergie. Cette démarche pourrait bel et bien aller de l’avant, selon le chancelier de l’Échiquier, l’équivalent du ministre des Finances du gouvernement de Boris Johnson, dans le cadre de la lutte contre la forte inflation qui frappe le Royaume-Uni.
Sans surprise, écrivent les chercheurs et sondeurs, les personnes consultées sont largement fâchées contre l’évasion fiscale, d’autant plus que des allégations ont récemment été portées contre des membres du gouvernement britannique en ce sens.
De fait, les trois quarts (73 %) des participants estiment qu’il est inacceptable, pour les élus, d’effectuer de l’évitement fiscal, et plus de la moitié (55 %) croient que le public en général ne devrait pas non plus pouvoir utiliser ses méthodes pour éviter de payer de l’impôt.
À l’opposé, cependant, environ la moitié des sondés (49 %) jugent qu’ils payent trop d’impôts. Cela peut peut-être s’expliquer par le fait que cette opinion est davantage partagée par les répondants provenant de minorités, qui sont statistiquement moins riches, et donc confrontés à des frais proportionnellement plus importants dans leur vie de tous les jours.
Financer la santé? Avec quel argent?
Fait surprenant, après deux ans de pandémie où la population s’est rangée derrière le système de santé public, le NHS, l’appui envers celui-ci est mis à mal par le coût de la vie. Ainsi, une bonne partie du public s’opposerait à une hausse des impôts et des taxes pour mieux financer le réseau de la santé. Environ la moitié des répondants (47 %) s’opposent à une récente hausse de 1,25 % liée aux frais d’assurance-santé.
Pour le Dr Patrick Riamond, les résultats du coup de sonde « mettent l’accent sur le dilemme auquel sont confrontés les politiciens : les services publics, dans la capitale, sont au bout de leurs ressources et ont besoin de davantage d’investissements, mais les Londoniens jugent déjà qu’ils paient trop d’impôts ». Le spécialiste juge qu’il faut réaliser un travail d’équilibriste pour financer les services, tout en assurant la qualité de vie des citoyens.
Et malgré la guerre en Ukraine, qui a été blâmée pour la forte croissance des prix de l’énergie, l’étude laisse entendre que le budget de la Défense n’est pas une priorité pour les habitants de Londres. À peine environ 1 répondant sur 10 (11 %) se disent prêts à mettre plus d’argent dans l’armée, lorsqu’on leur demande s’ils préfèrent des investissements dans le NHS ou la Défense.
Toujours au dire des chercheurs, si ces statistiques démontrent que l’appui envers le NHS est toujours là, elles mettent aussi en évidence la pression subie par le système. Une personne sondée sur cinq se trouvait sur une liste d’attente pour un rendez-vous médical ou une opération, et plus de la moitié des sondés ont indiqué qu’il était difficile de voir leur médecin de famille lorsqu’ils en avaient besoin.