À première vue, rien ne ressemble plus à une molécule de CO2 qu’une autre molécule de CO2. Voilà que des chercheurs proposent une voie alternative pour les distinguer, plus facile que les méthodes actuelles et qui pourrait venir en aide à ceux qui cherchent à déterminer le quantité très précise de gaz à effet de serre que nous envoyons là-haut.
La recherche s’inscrit en effet dans les efforts pour déterminer la contribution humaine au réchauffement climatique, mais plus encore, dans les efforts à venir pour déterminer si tel pays se conforme à ses promesses de réduction des GES.
Il faut d’abord rappeler que la capacité à distinguer le CO2 produit par l’humain de celui produit par la nature existe depuis longtemps: depuis, en fait, que les experts ont constaté que le carbone-14, un « parent » ou, dans le jargon des chimistes, un isotope, n’existe pas dans les carburants fossiles. La raison étant que la quantité de carbone-14 décline avec le temps — c’est pourquoi il est un bon outil pour dater des sites archéologiques — et que les réserves de pétrole, elles, sont vieilles de millions d’années. Par conséquent, entre deux molécules de CO2, dont une est un isotope de carbone-14, on sait laquelle a été produite par une technologie moderne. Et c’est une des façons par lesquelles on peut estimer depuis longtemps que la plus grande partie de l’augmentation du CO2 dans l’air depuis un siècle et demi est le fruit de l’action humaine.
Mais ces calculs sont longs, parce qu’ils impliquent de récolter des échantillons d’air ici et là et de les analyser en laboratoire. L’idéal, dans un contexte où on veut suivre à la trace les promesses de réduction de GES, et au niveau régional en plus, serait de pouvoir analyser en continu l’atmosphère, et c’est ce que propose une équipe européenne dans la revue Science Advances.
Leur idée était de mesurer simultanément l’oxygène et le CO2 dans l’air d’un lieu donné. Il se trouve que le ratio entre les deux n’est pas le même suivant que le CO2 provient d’une plante qui a été mangée (un ratio d’environ 1 par 1,1) ou de la combustion du charbon ou du gaz. Les résultats, publiés le 22 avril, proviennent de 10 années de données récoltées par l’Observatoire atmosphérique Weybourne, sur la côte anglaise. Depuis 2020, celui-ci sert d’ailleurs à calculer les émissions de GES du sud de la Grande-Bretagne.
Ce genre d’observation pourrait aussi se faire par satellites: déjà en 2020, ce sont des observations depuis l’orbite qui ont permis de donner une idée assez rapide de la baisse des émissions de GES, au plus fort du confinement mondial.