Arsenal est la seule du « Big Six », les six plus grandes équipes de la Premier League, au Royaume-Uni, qui possède la résilience financière pour survivre aux futurs chocs économiques, selon une nouvelle étude de l’Université de Portsmouth.
Les cinq autres clubs, dont les champions en titre de Manchester City, affichent des signes de faiblesse pendant les ralentissements économiques ou les périodes de croissance, jugent les chercheurs.
Christina Philippou, l’une des coautrices des travaux, affirme que le fait de « mesurer la résilience économique des équipes de cette façon a des implications en ce qui concerne notre compréhension de la stabilité à long terme de la Premier League et sa capacité à résister à de futures crises économiques, le tout dans une perspective de concerner sa position dominante dans l’univers du soccer, le tout dans un contexte de concurrence accrue ».
L’étude en question, publiée dans Soccer & Society, s’intéresse à a résilience financière des clubs de la Premier League en réaction aux fluctuations économiques passées, notamment la crise financière de 2008.
En utilisant des rapports annuels publiés entre 1993 et 2018, les chercheurs ont analysé la résilience des clubs de la ligue par rapport au reste de l’économie, en plus de mesurer leur résilience face aux chocs économiques, ainsi que leur capacité de se remettre sur pied lors des périodes de croissance.
Les spécialistes ont aussi comparé les revenus provenant des activités tenues les jours de match (vente de billets et services connexes), les engagements commerciaux (comme les commandites), et la vente des droits de diffusion à la télé, par rapport aux transformations survenues dans l’ensemble de l’économie britannique. À partir de ces données, les chercheurs ont pu établir une liste des clubs les plus résilients, et ceux qui sont les plus à risque.
Les résultats des travaux indiquent qu’Arsenal est effectivement la seule équipe possédant la résilience suffisante pour encaisser les transformations de l’économie nationale. Parmi les autres clubs de cette « bande des six », Manchester United et Tottenham Hotspur sont eux aussi résilients, mais peinent à reprendre du poil de la bête lors des périodes de croissance, tandis que Liverpool et Manchester City sont fragiles lors des périodes difficiles, mais solides lorsque l’économie va mieux. Chelsea, enfin, n’est solide nulle part, estiment les chercheurs.
Des hauts… et des bas
Entre 1993 et 2018, l’économie britannique a plus de doublé, alors que la richesse des clubs de la Premier League a été multipliée par 10 depuis 1998, et par 30 depuis 1993. Si ces équipes représentent une part croissante de l’économique nationale, ces mêmes clubs dépendent largement d’une seule source de revenus et de certaines personnes clés. Un exercice d’évaluation appelé la Fan-Led Review of Football Governance, qui s’est conclu en 2021, s’est attaqué à certains problèmes du sport en réclamant la mise sur pied d’un organisme réglementaire indépendant chargé de surveiller les finances des clubs.
Selon un autre coauteur de l’étude, le Dr Adam Cox, « s’il est facile d’accepter la prémisse répandue voulant que les clubs du « Big Six » sont financièrement plus stables que d’autres équipes de la ligue, nos travaux démontrent que la réalité n’est pas aussi simple ».
« Les conclusions démontrent que l’absence de résilience économique chez les équipes les plus riches et leur dépendance envers des sources financières externes les met à risque si les normes en matière d’équité actuellement en place étaient modifiées. Si de tels risques semblent raisonnables durant les périodes de forte croissance des revenus, ils auront fort probablement plus d’impact si la croissance des revenus ralentit, et pourraient transformer le visage de la ligue au cours des 30 prochaines années. »
De son côté, Mme Philippou affirme que « même en période de crise, où plusieurs clubs de ligues moins prestigieuses risquaient la faillite, la Premier League a réussi à dépasser les attentes financières, comparativement à d’autres secteurs de l’économie. Malgré cette résilience, il existe des différences marquées entre les équipes. Cela est devenu clair après l’éclatement de la pandémie, où une série d’équipes de la Premier League ont fait savoir qu’elles éprouvaient de la difficulté à boucler les fins de mois, ou ont agi d’une façon qui est venue confirmer qu’elles ressentaient une pression financière ».