Dans le cadre de son volet eXPlore, la cuvée 2016 du Festival du Nouveau Cinéma (FNC) trempe son gros orteil dans la réalité virtuelle, en plus de tenter le coup d’une expérience cinématographique interactive avec un large public.
Pour l’occasion, l’équipe du festival a convié la presse à faire l’essai du parcours de réalité virtuelle. Si la présentation devant public sera séparée en quatre sections de trois films chacune, la présentation dans les locaux du festival était un peu moins ambitieuse: une série de casques Gear VR, des téléphones Samsung, et c’est parti pour l’aventure.
Ce que l’on constate, à l’essai de ces différentes oeuvres, c’est que la technologie du cinéma en réalité virtuelle est limitée par deux aspects fondamentaux. D’abord, la technologie: l’équipement de Samsung fait le boulot, certes, mais utiliser des téléphones plutôt que des casques Oculus possédant une résolution et une qualité d’affichage plus élevées, par exemple, laisse des traces. En se forçant un peu, on aperçoit ainsi le maillage de l’écran du téléphone lors des visionnements, ce qui donne un aspect grillagé aux oeuvres. Et ce, si porter le casque ne donne pas d’abord chaud, provoquant l’apparition de buée sur les lentilles.
Notons néanmoins que l’aspect technique des choses ne peut pas être imputé au FNC. Après tout, cette technologie en est encore à ses débuts, et s’équiper de casques haut de gamme aurait certainement coûté très cher au festival.
Reste donc l’aspect culturel comme tel. Les oeuvres tiennent-elles le coup? Sur les quatre courts-métrages visionnés (on ne prendra pas de chance, un mal de coeur est si vite arrivé), les deux films s’étant le plus distingués sont The Rose and I et I, Philip. Le premier, un petit film d’animation déjà présenté à Sundance, réalisé par l’équipe de Penrose Studios, aux États-Unis, s’appuie sur la thématique du Petit Prince pour créer un univers enfantin et invitant. Les dessins sont simples mais efficaces, tout comme la musique, et on apprécie ce détour par le monde inventé par Saint-Exupéry.
I, Philip, de son côté, est un excellent exemple de l’utilisation de la réalité virtuelle pour raconter une histoire. Un torse robot reprenant la personnalité et les souvenirs du défunt auteur de science-fiction Philip K. Dick navigue entre l’autonomie, la conscience et la notion d’existence robotique sans capacité de se déplacer ou d’être entièrement indépendant. Est-il un homme? Une simple machine? Quelque chose entre les deux? L’ajout d’effets spéciaux améliore encore un film malheureusement trop court.
Une fois les lunettes reposées et les téléphones passés en mode veille, un constat s’impose: la réalité virtuelle a beau avoir cet intéressant goût de nouveauté, ce petit quelque chose qui impressionne, alors que l’on tourne la tête de part et d’autre pour observer le décor autour de soi, il ne semble pas exister, pour l’instant, de méthode efficace pour exploiter pleinement les capacités de cet univers numérique à des fins cinématographiques. Après tout, il serait bien embêtant qu’un spectateur regarde ailleurs pendant que l’action se déroule à l' »écran ». Certes, il existe des applications de la réalité virtuelle où le spectateur peut se déplacer et interagir avec son environnement, et où le scénario est justement adapté à ces mouvements et à ces décisions indépendantes. Mais on parle alors de jeu vidéo, et plus de film.
Alors, cette section eXPlore, une série d’activités à oublier. Pas du tout, bien au contraire: la technique n’est pas encore au point, mais il s’agit d’un premier pas. Qui sait où en seront les créateurs dans cinq, voire dans 10 ans?
À voir, donc, et à entendre. Mais pas à toucher. Du moins, pas encore…
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