Les amateurs de la série The Handmaid’s Tale ne seront vraiment pas déçus par la quatrième saison, disponible depuis la semaine dernière en DVD, puisqu’un événement majeur vient changer en profondeur la dynamique établie par les trois premières.
La saison précédente de Handmaid’s Tale s’est terminée sur un énorme coup de tonnerre, après que June Osborne a réussi, presque par miracle, à faire évader pas moins de 86 enfants (et quelques Martha) à bord d’un avion clandestin. Bien qu’héroïque, ce geste menace maintenant de déclencher un conflit armé entre Gilead et le Canada qui, en plus d’accueillir tous ces nouveaux réfugiés, a également emprisonné Fred et Serena Waterford, accusant l’influent couple de crimes de guerre.
Gravement blessée par l’arme à feu d’un gardien, June se retrouve maintenant en fuite, en compagnie de six autres servantes qui l’ont aidée à mettre sur pied cette spectaculaire évasion. Avec à leurs trousses l’ensemble des forces armées de Gilead et malgré l’aide des réseaux de résistance qui tente de les cacher dans des maisons sûres, tout indique qu’elles ne pourront échapper aux autorités indéfiniment, mais être capturé risque d’avoir de très graves conséquences pour des femmes ayant osé commettre un tel geste, dans une société qui vénère les enfants au point de s’approprier ceux des autres.
On aimerait tellement que Gilead, cette société fasciste ayant institutionnalisé le viol, où la seule utilité des femmes placées en servitude se résume à leur système reproductif et où les homosexuels et autres « traîtres à leur sexe » sont mutilés ou carrément mis à mort, relève d’une improbable anticipation, mais quand on constate à quel point le fanatisme religieux se porte bien de nos jours, et pas seulement chez nos voisins du Sud, le monde dépeint par The Handmaid’s Tale est tristement plausible, et c’est sans doute pourquoi la série est aussi révoltante, et que son visionnement cause autant d’inconfort.
Comme si c’était possible, cette nouvelle saison de Handmaid’s Tale montre un visage encore plus hideux de Gilead, soit son système de répression et ses prisons, où se pratiquent des tortures tellement atroces qu’en comparaison, la pendaison semble douce. La série ne s’assoit pas sur ses lauriers, bien au contraire, et un événement déterminant (que je ne peux évidemment dévoiler pour ne pas gâcher l’intrigue) survient dans la deuxième moitié, qui modifie la dynamique même de l’émission. Véritable coup de poing, la toute dernière scène du dernier épisode est particulièrement intense, mais aussi très gratifiante.
En plus d’être léchée, la réalisation transmet bien l’aspect étouffant de cette société totalitaire, et la paranoïa ambiante qu’éprouvent ceux et celles vivant sous son joug. Elisabeth Moss passe derrière la caméra pour signer trois épisodes cette fois-ci. Cette quatrième saison de Handmaid’s Tale ne se limite plus seulement aux environs de Boston, et agrandit son terrain de jeu. On a même droit à des scènes de guerre spectaculaires prenant place dans une Chicago en ruines. Dans un clin d’œil évident, la production reprend La dernière Cène avec douze Tantes au lieu des disciples et Lydia assise au centre de la table comme un messie de pacotille.
Le niveau de jeu dans Handmaid’s Tale est impeccable. Capable de transmettre l’émotion sans prononcer un seul mot, souvent seulement par le regard, Elisabeth Moss est consumée par la rage dans ces dix nouveaux épisodes, ce qu’on comprend facilement quand on constate tout ce qu’elle a enduré. Pratiquement absent de la saison précédente, Max Minghella fait un retour en force, et son personnage de Nick est toujours aussi ambigu. Dans le rôle d’Esther Keyes, une jeune fille abusée par son mari et son entourage, McKenna Grace, une nouvelle venue, fait preuve d’une étonnante intensité. Dans la peau de Tante Lydia, Ann Dowd est encore détestable à souhait.
Le coffret The Handmaid’s Tale: The Complete Fourth Season contient les dix épisodes de la quatrième saison sur trois disques au format DVD. Plutôt que des revuettes conventionnelles, le matériel supplémentaire est constitué de dix courtes émissions d’une dizaine de minutes chacune, intitulées One Burning Question. Animé par Stacey Wilson Hunt et mettant en vedette un ou deux comédiens de la série, chaque émission pose une seule et unique question en rapport à l’épisode qui vient de se terminer. La question de l’épisode trois par exemple est « Has June Failed As A Leader? », et celle du dernier épisode est « Who’s The Vilain Now? ».
Beaucoup plus qu’un simple divertissement, The Handmaid’s Tale est une série puissante incitant à la réflexion, et cette quatrième saison ne fait pas exception. Il s’agit d’une adaptation magistrale de l’œuvre visionnaire de Margaret Atwood, qui vaut absolument le détour.
8.5/10
The Handmaid’s Tale: The Complete Fourth Season
Réalisation : Colin Watkinson, Elisabeth Moss, Christina Choe, Richard Shepard et Liz Garbus
Scénario: Bruce Miller, Jacey Heldrich, Kira Snyder, Nina Fiore, John Herrera, Dorothy Fortenberry, Yahlin Chang, Aly Monroe, Eric Tuchman (d’après le roman de Margaret Atwood)
Avec: Elisabeth Moss, Yvonne Strahovski, Joseph Fiennes, Ann Dowd, Madeline Brewer, Max Minghella, O-T Fagbenle et Samira Wiley
Durée: 520 minutes
Format : DVD (3 disques)
Langue : Anglais seulement (avec sous-titres en anglais, français et espagnol)