Ah Carmen… quel personnage, quel caractère, quelle fougue, quelle femme! Et j’ai envie d’ajouter : Julie Nesrallah, quelle Carmen!
C’est en version concert, avec l’Orchestre classique de Montréal, qu’on retrouvait les principaux personnages de l’Opéra Carmen, de Bizet, mardi dernier, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau.
La distribution se déclinait comme suit : Julie Nesrallah, mezzo-soprano dans le rôle de Carmen, Ernesto Ramirez, ténor, en Don José, Suzanne Taffot, soprano qui était Michaëla et Hugo Laporte, baryton en Escamillo.
La mise en scène était assurée par Eda Holmes et les éclairages par Anne-Catherine Simard-Deraspe.
Déjà, dans la version opératique de l’œuvre, une très grande place est faite au rôle principal et c’était encore plus marquant mardi dernier alors que les chœurs étaient absents. Julie Nesrallah était donc fortement sous les feux de la rampe et pas une fois, elle n’a risqué de se brûler. Au contraire, elle a brillé de tous ses feux. Quelle interprète ! Une magnifique tessiture, une maîtrise parfaite, une voix qui sait émouvoir, tant par sa puissance que par sa douceur. Et un jeu, quel jeu ! Alors que les décors étaient minimalistes, les projections, décevantes, les costumes pauvres (sauf celui de Carmen) et les éclairages parfois défaillants, la présence de Nesrallah était partout, même quand ce sont les autres qui chantaient. Charmante, sensuelle, coquine, troublée ou carrément hilare, la soprano ne pouvait que séduire.
Avec toute cette brillance, il devenait difficile pour les autres interprètes de prendre la place qui leur était due. Parmi eux, Hugo Laporte est sans doute celui qui a le mieux fait par sa prestance, son jeu, sa justesse et la rondeur de sa voix. Le Don José d’Ernesto Ramirez a semblé attendre après l’entracte pour pleinement se révéler. Et encore, pas pour son jeu d’acteur qui manquait de crédibilité. Quant à Suzanne Taffot, elle a fait la démonstration qu’elle est une grande chanteuse et non pas une grande actrice.
Vous aurez compris que le tout manquait un peu d’unité et que davantage d’efforts auraient pu être mis dans la direction d’acteurs, si je puis dire, et dans les éléments accessoires.
Mais, musicalement parlant, ce fut une bien belle prestation, très habilement soutenue et accompagnée par Boris Brott et les musiciens de l’OCM. Le public en aurait voulu davantage.
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