Les spectacles de marionnettes réservent souvent de très bonnes surprises tant le spectre des possibilités en est large pour les artistes et leur créativité. Dans Concert anatomique, présenté dans le cadre du festival de Casteliers, l’artiste américain Kevin Augustine propose une performance qui associe la danse et le maniement de marionnettes, des marionnettes qui font corps avec lui, au sens propre et figuré du terme.
Sur la scène, on aperçoit, malgré l’obscurité, un décor sombre de cimetière où un corps recouvert d’un drap noir semble sortir d’outre-tombe. Les battements d’une musique électroacoustique et une fumée mystérieuse accompagnent ce réveil d’un personnage au visage blanc comme la mort, dont on ne découvre pour l’instant que certains membres : une main, un bras, un pied… Le corps de l’homme nu ou presque se déploie tel un mort-vivant qui réapprend à marcher, à voir, à faire un petit signe sympathique de la main en direction des spectateurs.
Car, paradoxalement, il n’y a rien d’effrayant dans le spectacle proposé par ce personnage qui peu à peu va découvrir et jouer avec différents morceaux d’autres cadavres plus décomposés que lui. Un immense crâne d’abord, puis une jambe seulement dépouillée de sa peau et dont on voit encore les muscles et les vaisseaux sanguins, un bras avec sa main qui fait des claquettes avec ses ongles, un immense œil ou le squelette d’un enfant…
Ce sont ces restes d’êtres vivants qui lui servent de marionnette et dont il se pare à l’occasion dans une danse étrange et mystérieuse, certes teintée de mort, mais aussi pleine de souvenirs de moments amoureux qui ont présidé à ces corps durant leur existence.
L’ensemble du spectacle est rempli de poésie et de beauté.
Il y a beaucoup de poésie dans la manière dont l’artiste, dans sa danse très physique, s’associe avec ce qu’il utilise en guise de marionnettes, en jouant ludiquement ou amoureusement avec chacune d’elles, en les associant à l’occasion dans de très beaux tableaux. Car le spectacle est aussi très soigné d’un point de vue esthétique. La musique est bien choisie et sur le fond noir de la scène, de magnifiques silhouettes se détachent, minimalistes, qui nous rappellent que ces corps exhibés par l’artiste furent vivants et beaux et le demeurent toujours si l’on se souvient qu’il s’agit là du lot de notre condition humaine.
Concert anatomique
Kevin Augustine
Production Lone Wolf Tribe (New York)
Festival de Casteliers
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