Omer St-Onge était un petit garçon insouciant de six ans quand, avec son frère, il a dû quitter sa famille pour séjourner dans un des pensionnats autochtones du Québec. Il en est revenu, mais terriblement meurtri par les violences à la fois physiques et symboliques. Et il lui a fallu beaucoup de temps et d’efforts pour ensuite parcourir ce qu’il nomme son « chemin de guérison ».
Omer St-Onge est membre de la communauté innue de Maliotenam. Il fait partie des quelque 150 000 enfants autochtones retirés de leurs familles pour être instruits par des groupes religieux dans ces nombreux pensionnats dont le dernier n’a fermé qu’en 1996.
Beaucoup d’enfants sont morts là-bas de maladies ou de mauvais traitements. Et pour ceux qui ont eu la chance de réintégrer leurs familles, la suite de leur vie n’a pas toujours été facile. Omer St-Onge raconte quelle fut ensuite l’attraction pour eux de l’alcool, de la drogue ou du suicide.
Sur la scène, un décor très simple et dépouillé fait écho à la simplicité et au dépouillement du récit. Un tipi, une valise, un lit de pensionnat et un traineau marquent les étapes de la vie d’Omer St-Onge.
D’abord, la vie traditionnelle dans sa famille, la promiscuité sociale avec parents et grands-parents, les légendes mystérieuses et les jeux avec son frère dans une atmosphère aimante. Puis le départ vers le pensionnat, le sentiment d’être abandonné par ceux qu’Omer chérissait, et le lit où, pour la première fois de sa vie, il dort seul. Mais ça n’est pas la seule violence qu’il subit. Il se transforme en numéro et on lui savonne la bouche lorsqu’il ose s’exprimer dans sa langue maternelle, des posters effrayants lui rappellent quotidiennement qu’il doit suivre la voie de sa nouvelle religion et, comme ses camarades, dans ce pensionnat où règne un « géant en robe noire » particulièrement pervers, il en subit les sévices sexuels et reçoit « le sperme de Dieu » en échange d’un paquet de bonbons…
Le récit est dit très simplement, hésitant souvent, toujours de façons sensible. Les blessures sont profondes et il y a aussi quelque chose de la culture innue qui rend difficile l’expression. Le discours est moins exprimé que rentré en soi. Pas d’agressivité, sinon contre soi-même. La douleur est présente, mais aussi le besoin de pardonner pour finalement vivre et ne pas faire subir aux siens les conséquences de ce que l’on a soi-même subi.
Utei : Récit d’un survivant
Productions Menuentakuan en association avec le théâtre Aux Écuries à Montréal. menuentakuan.ca
Texte et interprétation Omer St-Onge
Mise en scène Xavier Huard
Conception d’éclairage et régie Delphine Rochefort
Conception sonore Étienne Thibeault
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