Confrontés à un événement sans précédent en Europe depuis la fin de l’URSS, des journalistes de partout dans le monde se sont précipités en Europe de l’Est, voire en Ukraine elle-même, pour couvrir l’invasion russe. Certains de ces reporters, ainsi que des commentateurs de pays occidentaux auraient cependant laissé transparaître un racisme plus qu’ordinaire.
C’est du moins ce qu’estime l’Association des journalistes arabes et du Moyen-Orient (AMEJA). Dans une déclaration transmise par communiqué, l’organisation affirme avoir « relevé, dans les derniers jours seulement, des exemples de couverture raciste qui accorde davantage d’importance à certaines victimes de la guerre qu’à d’autres ».
L’AMEJA en a particulièrement contre une déclaration d’un journaliste de la chaîne américaine CBS, Charlie D’Agata, qui a déclaré que l’Ukraine « n’est pas un endroit, en tout respect, qui est comme l’Irak ou l’Afghanistan, qui a vu des décennies de conflit. C’est un endroit relativement civilisé, relativement européen – je dois choisir mes mots avec prudence –, un endroit où on s’attendrait pas à ça, ou on ne craint pas cela ».
De son côté, Daniel Hannan, du Telegraph, un média britannique, aurait déclaré « ils nous ressemblent tellement. C’est ce qui est le plus choquant. La guerre n’est plus seulement quelque chose qui frappe les nations appauvries et éloignées. Cela peut arriver à tout le monde ».
L’organisation médiatique dit « condamner et rejeter ces implications orientalistes et racistes voulant que toute population ou pays qui « n’est pas civilisé » ou est touché par des facteurs économiques qui font en sorte qu’une guerre est justifiée ».
« Ce genre de déclarations reflète la mentalité du journalisme occidental consistant à normaliser les tragédies dans certaines parties du monde, comme le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie du Sud-Est, et l’Amérique Latine. »
L’AMJEA continue en soutenant que cette façon de voir le monde « déshumanise les populations et décontextualise les conflits, en plus de faciliter l’effacement des peuples qui vivent des conflits et des occupations violentes ».
Dans la foulée de cette sortie publique, d’ailleurs, M. D’Agata s’est excusé dimanche pour ses commentaires sur la situation en Ukraine. « J’ai dit des choses d’une façon que je regrette, et je m’en excuse », a-t-il indiqué, avant d’ajouter qu’il tentait de souligner le fait que l’Ukraine n’avait pas connu de guerre aussi importante depuis des décennies, comparativement à des conflits qu’il a couverts dans d’autres régions du monde.
Certaines caractérisations du conflit entre la Russie et l’Ukraine ont d’ailleurs aussi été vivement critiquées. Sur Twitter, plusieurs internautes ont notamment souligné que la guerre en Bosnie, en 1992, avait ainsi fait plus de 100 000 morts et « un nombre incalculable de réfugiés », et qu’il était donc erroné de définir l’invasion russe de la semaine dernière comme « le pire conflit en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale ».
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