Dix milliards: c’est le nombre de doses de vaccins contre la COVID données en 13 mois — un record pour une campagne de vaccination, mais qui arrive à un moment où des questions sont posées sur une nouvelle génération de vaccins.
Ce chiffre inclut l’un ou l’autre de la vingtaine de vaccins qui ont été approuvés à travers le monde. C’est du « jamais vu » et « l’effort en cours est inspirant », résume dans la revue Nature la vice-présidente du Centre pour le développement global, Amanda Glassman, basée à Washington.
Mais en Afrique pendant ce temps, seulement 16% de la population du continent a reçu une dose (ou plus). Les pays riches ont fait des dons, mais des réserves arrivent trop tard par rapport à leur date d’expiration, ou ne peuvent pas être distribuées à temps faute du personnel en santé nécessaire.
Par ailleurs, le passage du seuil des 10 milliards arrive à un moment où des interrogations surgissent sur l’efficacité à long terme de la stratégie actuelle et où toutes sortes de recherches s’ouvrent sur une nouvelle génération de vaccins. De nouveaux vaccins qui pourraient, en théorie, cibler davantage de parties du virus, plutôt que seulement la protéine de pointe qui lui permet de pénétrer dans nos cellules: toujours en théorie, cette stratégie permettrait d’avoir des vaccins efficaces contre les futurs variants du virus.
En parallèle, la levée des brevets serait aussi un avantage dans ce nouveau contexte, si elle permettait à davantage de pays de fabriquer ces vaccins, actuels ou futurs. À ce sujet, des chercheurs d’une firme sud-africaine de biotechnologie viennent d’annoncer avoir presque complété une « copie » du vaccin de Moderna.
Cette percée s’est faite dans la foulée d’une initiative de transfert de technologie parrainée depuis l’été 2021 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) visant à mousser les capacités de fabrication de vaccins dans les pays dits « à faibles et moyens revenus ». Pour cette initiative, l’OMS avait demandé à Pfizer et Moderna de participer, mais n’avait pas reçu de réponse. Toutefois, la direction de Moderna avait déjà accepté de rendre publiques les informations sur la fabrication de son vaccin et avait assuré, dès la fin de 2020, qu’elle ne prendrait pas de mesures pour défendre son brevet.