À la fin du trimestre dernier, les éditions Boréal publiaient André Major – Entretiens. Il s’agit de l’œuvre de Michel Biron et de François Dumont, tous les deux professeurs de littérature: le premier à Université McGill et le second à l’Université Laval. Ces deux-là sont connus pour avoir contribué à la rédaction d’une Histoire de la littérature québécoise, toujours chez Boréal.
Dumont et Biron sont donc annoncés comme étant les auteurs de ce livre, mais ce n’est pas l’impression que j’ai eue. Je me rappelle très bien ma lecture de Les pieds sur terre, l’an dernier à pareille date et j’ai eu l’impression de lire de nouveaux carnets d’André Major, sans la chronologie restreinte d’une période en particulier. Dans cet ouvrage, Biron et Dumont laissent toute la place qu’il faut aux propos de Major, mais à force de ne pas occuper l’espace, ils donnent l’impression d’être des faire-valoir.
Plutôt que des entretiens, on lit plutôt une autobiographie. Qu’à cela ne tienne. Est-ce qu’on s’ennuie ? Rarement. Est-ce qu’on apprend à connaître André Major ? Sûrement. Est-ce qu’on a entre les mains un manuel utile sur une certaine histoire du Québec des 60 dernières années ? Tout à fait.
Homme public, à certains égards, Major demeure plutôt discret durant tout son parcours professionnel. Mais il en a connu du monde, il en a rencontré des gens. Et, pour son malheur, il peut se targuer d’avoir vu la naissance et la mise en valeur d’une certaine culture québécoise, autant qu’il a été affecté par un certain déclin de la démocratisation de cette culture, on pense ici à la fin de la chaîne culturelle de Radio-Canada. Major a participé à bon nombre de publications qui ont eu des succès variés, pensons au célèbre Parti Pris. Il a tour à tour été poète, romancier, nouvelliste, commentateur littéraire, membre d’équipes d’édition, réalisateur, et j’en passe. Il a fréquenté Jacques Ferron et Pierre Vadeboncoeur, mais il a aussi croisé René Homier-Roy et Pierre Elliot Trudeau. Il a encensé Geneviève Guèvremont et Gabrielle Roy. Il a lu et relu les grands auteurs russes.
Avec son regard aiguisé, mais sans prétention, il donne son avis sur les événements qui ont marqué son temps, mais il nous rappelle aussi à quel point sa retraite régulière dans les bois lui est nécessaire. André Major, un homme avec qui j’aimerais bien me retrouver un certain midi, « à la table d’à côté ».