Pour les amateurs de stratégie, difficile, voire impossible de passer outre les jeux de type 4X. Après tout, qui ne voudrait pas s’adonner aux plaisirs parfois coupables de l’exploration, du développement économique, de l’expansion territoriale et de l’extermination de ses opposants? Voilà exactement ce que propose Oriental Empires, qui s’intéresse à la Chine, un grand oublié du genre.
Car oui, cette Chine millénaire, bien que dépositaire d’un savoir et d’une histoire particulièrement riches, est souvent laissée de côté au profit d’une Europe avec laquelle les joueurs occidentaux peuvent plus facilement s’identifier. Crusaders Kings, Europa Universalis, Stronghold, Lords of the Realm et autres déclinaisons de la série Total War sont autant de titres se déroulant majoritairement sur le Vieux Continent.
Chez Iceberg Interactive, le studio derrière Oriental Empires, on explique vouloir à la fois offrir un jeu plus réaliste et justement davantage porté sur l’histoire asiatique. « L’idée est apparue après le lancement de Civilization V (en 2011). Bien que le jeu ait rencontré un succès certain, il y avait beaucoup de plaintes à l’époque, et cela m’a poussé à m’interroger sur la possibilité de produire un jeu un peu moins ambitieux (Civilization, comme son nom l’indique, permet de gérer une faction de la préhistoire à l’avenir lointain), quelque chose qui pourrait être créé par un petit studio », explique R.T. Smith, l’un des développeurs d’Oriental Empires.
« J’étais aussi intéressé à créer un jeu sur l’Asie, et j’ai réalisé que le fait de se concentrer sur une région spécifique permettrait de diminuer suffisamment l’ampleur du titre pour rendre le projet faisable. Alors, l’idée de base consistait à produire quelque chose ressemblant à Civilization qui se déroulerait en Asie, et avec de meilleurs combats, bien que le concept ait évolué depuis ce temps. »
Alors que Warhammer: Total War, une version du jeu de stratégie portant sur l’univers fantastique développé par Games Workshop, est disponible depuis quelques mois, et que la sixième version de Civilization est en cours de préparation, M. Smith ne se dit pas inquiet d’un possible impact sur les ventes de son titre. « Oriental Empires est une production beaucoup moins vaste que ces deux jeux, alors nous ne visons pas à entrer en concurrence directe, mais plutôt développer notre propre marché de niche. Alors que Total War s’est déplacé vers un univers fantastique et que Civilization a adopté un style plus « cartoonesque », je crois que notre idée a bien fonctionné. »
Et pourquoi la Chine, justement? « Je crois qu’au départ, l’idée était de couvrir l’ensemble de l’Asie de l’Est, mais dès que j’ai commencé mes recherches sur la Chine ancienne, il est devenu clair qu’il y avait tellement de contenu que je pouvais me concentrer sur ce sujet et inclure des détails véridiques. Avec de la chance, nous nous tournerons vers les pays voisins dans de futures expansions. »
Dans Oriental Empires, donc, le joueur prend la tête d’une faction visant à prendre le contrôle de l’ensemble de l’Empire du Milieu. Les amateurs du genre ne seront pas dépaysés: exploitation des ressources naturelles, établissement de relations culturelles, diplomatiques ou encore économiques avec ses voisins, conflits meurtriers, recherche technologique… L’attrait du jeu semble effectivement résider dans son désir de respecter les restrictions historiques de la Chine ancestrale. Point de limaces spatiales géantes à exterminer comme dans Stellaris, ou de Gandhi psychopathe menaçant d’employer des armes atomiques, un classique de la série Civilization.
« Nous essayons très fort de ne pas nous tromper dans des domaines tels que la géographie ou l’équipement militaire de l’époque, mais, à certains endroits, nous avons dû faire des compromis. Par exemples, les palais ont une allure plus japonaise que chinoise. Le jeu couvre quelque 3000 ans de progrès et un immense territoire, mais permet quand même de zoomer jusqu’à apercevoir les visages individuels des soldats… L’idée est donc d’obtenir la bonne ambiance, plutôt que le fait de produire une simulation exacte », poursuit R.T. Smith.
Le jeu, qui est en mode Early Access sur la plateforme numérique Steam depuis environ une semaine, devrait être officiellement lancé d’ici un mois ou deux, confie-t-on chez Iceberg Interactive. « Le mode campagne est terminé, mais nous devons encore finir le travail pour l’aspect multijoueurs et la traduction dans les diverses langues. »