Des dirigeants sortant de l’ordinaire, et qui « brassent la cage » en politique, ont davantage de chances d’être élus si les électeurs estiment que leur société est divisée sur le plan moral et qu’elle est en passe de se morceler, indiquent de nouveaux travaux de recherche effectués à l’Université du Queensland.
Selon le Dr Charlie Crimston, du département de psychologie de l’université, des électeurs pourraient être tentés de voter à l’extérieur des marges de leurs opinions politiques s’ils jugent qu’il est nécessaire de restaurer l’ordre moral.
« Notre étude est la première à présenter des liens de causalité entre la division morale et le désir d’élire des leaders extrémistes comme solution potentielle », précise-t-il.
« Les travaux ont permis de déterminer que si les gens estimaient que le tissu social était en train de s’effriter, ils étaient davantage portés à élire une figure autoritaire pour ramener l’ordre, comme Donald Trump ou Pauline Hanson (une politicienne australienne, NDLR). »
Toujours selon le chercheur, « d’un autre côté, s’il existe l’impression qu’il existe un problème de leadership dans la société, les électeurs pourraient être poussés à choisir un leader progressiste pour unir le pays et le mener dans une nouvelle direction, comme Bernie Sanders ou Alexandria Ocasio-Cortez », deux égéries de la gauche progressiste américaine.
Les travaux de recherche ont porté sur les valeurs fondamentales de groupes comme les électeurs de gauche et de droite en Australie, aux États-Unis et au Royaume-Uni, et sur la perception que des groupes opposés possèdent des valeurs morales incompatibles.
Pour la professeure Jolanda Jetten, c’est cette perception qui alimente l’idée que la société est face à une bataille entre « les bons et les méchants ».
« Nous sommes en fait davantage d’accord que nous nous en rendons compte, et c’est cette perception que notre société est divisée qui représente plus une menace que les vraies divisions », a-t-elle déclaré.
De son côté, le Dr Hema Preva Selvanathan estime que ce sont nos perceptions voulant que la société est de plus en plus divisée, et que le tissu social s’effrite, qui sont les principaux facteurs menaçant la cohésion sociale et la stabilité politique.
« Nous devons surtout nous inquiéter des personnes qui utilisent ces tendances pour favoriser leurs propres intérêts – qu’il s’agisse de politiciens, de commentateurs dans les médias, ou de groupes d’intérêts », poursuit le Dr Preva Selvanathan.
Les travaux sont publiés dans Political Psychology.