Un concessionnaire automobile est froidement abattu. Puis, une prostituée est torturée à mort. Dans les rues de Milan, un tueur court, et la police manque d’indices pour lancer son enquête. À travers tout cela, un auteur de séries télé, acteur improbable du drame, n’aura d’autre choix que de tenter de trouver des réponses.
Deuxième roman d’une série mettant en vedette le scribe Carlo Monterossi, De rage et de vent, écrit par Alessandro Robecchi, qui oeuvre aussi comme journaliste dans la presse italienne, et publié du côté de L’Aube noire, a toutes les apparences d’un titre policier traditionnel. Les meurtres sont crapuleux, l’ambiance est à couper au couteau – d’autant plus que le froid est étrangement mordant tout au long de l’enquête –, les policiers sont blasés et cyniques…
Monterossi n’échappe pas, lui non plus, à la lourdeur ambiante. Après tout, il est le dernier à avoir vu la prostituée en question, Anna, avant qu’elle ne soit brutalement assassinée. De là, certainement, son désir rageur de régler cette affaire. Possiblement pour calmer ses propres démons, mais aussi pour rendre hommage de façon posthume à cette femme qu’il n’a connue que pendant quelques heures, sans doute.
Il y a donc ces deux enquêtes en parallèle. D’abord la police, notamment avec ce Ghezzi, un vieux routier techniquement en congé maladie, mais qui a le bras long et qui sait se faire obéir de ses collègues et subordonnés. Ensuite, avec cet écrivain, qui saura s’entourer de quelques amis et connaissances pour amasser de l’information.
Ce qui tranche, aussi, avec De rage et de vent, c’est le style. Autant Connelly ou Mankel pouvaient avoir une forme narrative plus lente, en prenant le temps d’installer le décor, en quelque sorte – et Robecchi le fait, également, à certains moments –, autant l’auteur a ici l’occasion de donner un coup, si l’on veut, en offrant une sorte de fil de pensées et d’émotions immédiates, plutôt que mûrement réfléchies. Il en résulte un roman un peu plus vivant, un fil narratif plus « sanguin » qui peut d’abord surprendre les lecteurs, mais qui viendra surtout sous-tendre les émotions ressenties par les personnages.
Sans être un classique du genre, De rage et de vent est suffisamment différent, suffisamment original, voire audacieux, que le grand amateur de policier ou de thriller y trouvera certainement une bonne dose de nouveauté; suffisamment, certainement, pour terminer sa lecture et en être tout à fait satisfait. Une série et un auteur à suivre, donc.