Dans un calendrier culturel, il y a de ces rencontres qu’on est heureux de ne pas avoir manqué. Celle entre Arion Orchestre Baroque et le Studio de musique ancienne de Montréal, qui avait lieu vendredi dernier, est une de celles-là. Avec un programme entièrement français, les auditeurs étaient invités à La chapelle du Roi-soleil pour entendre les œuvres de Marc-Antoine Charpentier, Henry Du Mont, Jean-Baptiste Lully, Michel-Richard Delalande et Nicolas Clérambault.
Le directeur artistique d’Arion, Mathieu Lussier, a profité de cette occasion pour « réintroduire » le serpent, un instrument qui a longtemps eu droit de cité dans les églises québécoises, plus particulièrement pour accompagner le chant grégorien. En avant-programme, Lussier s’est donc joint à Alex Belser, tous deux au serpent, pour interpréter une pavane de Henry Du Mont. Le résultat ne fut pas très heureux, Lussier n’étant pas un habitué du serpent, comme il l’expliquait lui-même dans une récente capsule vidéo. Mais, passons. Il faut surtout retenir de cette soirée que le mariage de deux ensembles de qualité peut parfois donner des résultats où le tout est plus grand que la somme des parties.
Ce n’est pas la première fois que j’observe le style de direction de Mathieu Lussier et que je me dis qu’il est difficile à suivre. Visiblement, ce n’est pas ce qui se produit pour les interprètes sur scène. Avec sa gestuelle dansante, le chef semble capable d’obtenir des musiciens toutes les nuances et surtout toute la profondeur requises pour ce programme ambitieux. L’ambiance était au recueillement et les frissons se sont répandus dans la salle à la vitesse eu son.
La prestation des choristes était empreinte d’émotion et la puissance des tuttis convenait parfaitement bien à l’acoustique de la salle Bourgie. Le public était littéralement pris à bras le corps par les ondes sonores.
Comme souvent, cependant, la puissance vocale variait d’un choriste à l’autre et cela a eu pour effet de déséquilibrer légèrement l’effet d’ensemble.
Notons cependant le travail remarquable d’Anne-Marie Beaudette, dessus, et de Normand Richard, basse-taille, ainsi que la fougue de Noémie Gagnon-Lafrenais, violon, et la participation à la flûte de Claire Guimond, cofondatrice et ancienne directrice artistique d’Arion.
On ne repart pas inchangé après une telle prestation.