Quoi? Un jeu de tir à la première personne qui se déroule à l’époque de la Deuxième Guerre mondiale? Comment? Call of… Duty? Sommes-nous en 2003? Dix-huit ans après le premier titre de la série, le studio Sledgehammer Games, sous la gouverne de l’omniprésent Activision, présente Vanguard, qui ramène les joueurs à la guerre de 39-45. Une sorte de façon pour, peut-être, bouler la boucle d’une série qui a fait voyager dans le passé, l’avenir, et même dans l’espace.
Vers la fin de la guerre, en territoire allemand, une unité formée de commandos provenant de diverses nations tente d’obtenir plus d’informations sur le projet Phoenix, une mystérieuse opération qui semble impliquer de hauts dirigeants du régime nazi. Capturés, les soldats alliés seront interrogés tour à tour par un officier de la Gestapo, ce qui permettra de revivre les opérations marquantes auxquelles a participé chacun des personnages jouables.
Voilà, en l’espèce, la structure scénaristique de la campagne solo de cette nouvelle pierre à l’édifice Call of Duty. Débarquement de Normandie, bataille de Midway, invasion de Stalingrad, combats dans le désert tunisien contre Rommel et ses troupes… les lieux et les moments sont connus. Après tout, à l’instar de la série Call of Duty dans son ensemble, les bons vieux classiques ont la cote.
Entre sections scriptées et mécaniques forcées, il faut cependant reconnaître que Vanguard met les bouchées doubles, côté visuels. Même en qualité moyenne (le jeu s’obstine à nous proposer de passer au niveau supérieur, mais la carte graphique de ce journaliste – une RTX 2060 de nVidia – refuse d’obéir, ce qui a entraîné plusieurs plantages du titre), le titre propose des décors impressionnants et une fidélité surprenante. On nous forcera d’ailleurs, avec un peu trop de cinématiques, à prendre conscience de la qualité de l’engin graphique. Ce qui, au passage, nous donne l’occasion de reconnaître plusieurs acteurs connus, notamment Simon Quarterman (Westworld) et Dominic Monaghan (Le seigneur des anneaux, Lost).
De ce côté-là, vraiment rien à reprocher aux développeurs, qui ont dû abattre un travail colossal pour réaliser la motion capture et ensuite s’assurer que les animations sont réalistes.
Le problème, comme dans presque tous les jeux de la série depuis qu’Activision s’est recentré autour de l’aspect multijoueurs, c’est que l’ensemble est incomplet, en plus d’être parfois incongru. Pourquoi une seule (et trop courte) bataille aérienne? Pourquoi le méchant, à Stalingrad, doit-il être poignardé à trois reprises, qui plus est dans le dos, et non de face? Pourquoi, en fait, nous propose-t-on une campagne de plusieurs heures si l’histoire se termine en queue de poisson?
Pan, pan, t’es mort!
Heureusement (ou malheureusement, c’est selon), il y a bien sûr la possibilité de se tourner vers la foire d’empoigne pour se changer les idées. Rendons à César ce qui lui appartient: il est particulièrement jouissif de courir et glisser partout en tentant de cribler ses adversaires de balles. Des explosions retentissent de tous côtés, revenir à la vie ne prend que quelques instants après avoir été abattu, et il n’est pas rare de se prendre à sourire après des séquences particulièrement intenses ou inattendues, comme cet engin allemand télécommandé qui a fauché la vie de ce journaliste en lui roulant carrément dessus.
Avec les modes de jeu classiques (combats à mort, capture de zones, etc.), Vanguard n’innove pas vraiment, mais y jouer est un peu l’équivalent d’enfiler de vieilles pantoufles: on sait exactement, en gros, ce qu’on y trouvera, et c’est d’ailleurs pour cela que l’on s’y aventure.
À ne pas oublier, non plus, l’inévitable mode zombie qui, s’il est un peu moins extravagant que sa déclinaison dans la quatrième déclinaison de la sous-franchise Black Ops, par exemple, n’en demeure pas moins franchement satisfaisant.
Et donc, faut-il se procurer Vanguard? Peut-être. Surtout si la nostalgie de la Deuxième Guerre mondiale est trop forte, en fait, et que Battlefield V ne permet pas de combler le manque.
En attendant, il sera intéressant de voir ce qu’Activision fera de son « univers » Call of Duty, qui comprend maintenant pas moins de quatre titres, avec Vanguard, Warzone, la version remasterisée de Modern Warfare, et la plus récente déclinaison de Black Ops.
Oh, et ce journaliste vient de se rappeler qu’Activision lançait, il y a quatre ans à peine, Call of Duty: WWII, qui portait sur… la Deuxième Guerre mondiale. C’est à en avoir mal à la tête.
Call of Duty: Vanguard
Développeur: Sledgehammer Games, Beenox
Éditeur: Activision
Plateformes: Windows, Xbox Series S et X, Xbox One, et PlayStation 4 et 5. (Testé sur Windows/BattleNet)
Jeu disponible en français