Tout en rendant hommage à l’œuvre de James Ostrander, James Gunn embrasse à fond le côté un peu ridicule des comics et livre une sorte de film d’action des années 1970 sur l’acide avec The Suicide Squad, disponible depuis la semaine dernière en 4K, Blu-ray et DVD.
Dans l’univers de DC Comics, la Force Spéciale X est une organisation secrète dirigée par Amanda Waller qui offre aux criminels méta-humains et aux super-vilains incarcérés au pénitencier à sécurité maximale de Belle Reve en Louisiane de réduire la durée de leur peine d’emprisonnement en échange de leur participation à des missions dangereuses d’où ils ont peu de chances de revenir, ce qui a valu au groupe d’être surnommé la Suicide Squad. Afin de s’assurer qu’ils obéissent aux ordres et ne tentent pas de prendre la fuite, une puce explosive est implantée dans leur nuque avant chaque opération.
Lorsque Silvio Luna et son fidèle bras droit, le général Mateo Suarez, prennent le pouvoir suite à un violent coup d’État sur l’île sud-américaine de Corto Maltese, Harley Quinn, Bloodsport, King Shark, Peacemaker et une douzaine d’hurluberlus sont envoyés en mission sur place, non pas pour rétablir la démocratie ou éliminer les dirigeants du nouveau régime, mais bien pour détruire les archives de Jotunheim, un laboratoire géant abritant une créature extraterrestre qui pourrait être utilisée pour attaquer les États-Unis et le reste du monde. Évidemment, les choses ne se déroulent pas comme prévu, et l’opération tourne rapidement à la catastrophe.
Comme on a pu le constater avec ses deux Guardians of the Galaxy, James Gunn a un sacré talent pour mettre en valeur les personnages les plus improbables, et il s’est clairement payé la traite avec The Suicide Squad, dénichant les super-vilains les plus risibles de la série publiée chez DC Comics, comme Polka-Dot Man, dont les pouvoirs consistent à lancer des pastilles de toutes les couleurs, Ratcatcher 2, la narcoleptique fille du premier criminel à porter ce nom, ou Weasel, une belette humanoïde. Gunn s’est même permis d’inventer un méta-humain n’ayant jamais apparu dans les comics, The Detachable Kid, un homme possédant l’étonnante habileté de séparer les membres de son corps.
Loin des contraintes imposées par les studios Marvel (qui appartiennent, faut-il le rappeler, à Disney), James Gunn a bénéficié d’une liberté totale pour The Suicide Squad, ce qui lui permet de livrer une production cotée 18 ans et plus, remplie d’une violence tellement exagérée qu’elle en devient caricaturale et d’un humour carrément bête et méchant. Bien que le scénario soit un peu décousu et ressemble parfois davantage à une série de vignettes, sa galerie de personnages iconoclastes et l’animosité constante entre eux est très drôle et le film porte bien son nom puisque, contrairement à la version de David Ayer, le réalisateur élimine joyeusement les membres de son escouade, en tuant huit seulement dans les dix premières minutes.
Présents dans le premier Suicide Squad, Viola Davis (Amanda Waller), Jai Courtney (Captain Boomerang), Joel Kinnaman (Rick Flag) et Margot Robbie (Harley Quinn) reprennent leurs rôles pour cette suite. Michael Rooker et Nathan Fillion, deux amis de James Gunn, font de brèves apparitions. Incarnant Bloodsport, Idris Elba semble être le seul acteur à conserver son sérieux à travers cette farce sanglante. Dans la peau de Peacemaker, John Cena livre un idiot particulièrement hilarant. On retrouve avec plaisir Peter Capaldi, le douzième interprète de Doctor Who, dans le personnage du Thinker, et David Dastmalian dans celui de Polka-Dot Man. Sylvester Stallone prête sa voix à King Shark, un énorme requin anthropomorphique.
Les effets spéciaux dans The Suicide Squad sont spectaculaires. Gunn utilise le sang s’écoulant dans l’eau, la mousse de savon sur un bol de toilette, les feuilles sur une plage ou les débris sur un toit pour écrire le titre de ses chapitres. Ses scènes d’action, notamment l’évasion d’Harley Quinn, sont complètement survoltées, et les animations 3D des créatures, comme King Shark ou Weasel, sont très crédibles. Avec ses allures de kaijū de carnaval, les connaisseurs de l’univers DC seront heureux de retrouver Starro le Conquérant, une étoile de mer extraterrestre et le tout premier vilain que la Ligue de Justice dût affronter dans les comics en 1960. À l’instar de Guardians of the Galaxy, le film compte une solide trame sonore.
L’édition ultra-haute définition contient The Suicide Squad sur disques 4K et Blu-ray, et inclut également un code donnant accès à une copie numérique. En plus de versions allongées de certaines scènes et d’autres retirées du montage, d’une compilation des décrochages les plus drôles survenus sur le plateau et d’une piste de commentaires livrée par le réalisateur, le matériel supplémentaire compte plusieurs revuettes, consacrées à la création et à l’animation de King Shark et de Starro, à la méthode de travail de James Gunn et à son amour des comics, ou nous entraînant dans les coulisses du tournage. On compte aussi trois bandes-annonces rétro réalisées dans le style d’un film de guerre, d’un film d’horreur, ou d’une comédie « Buddy Cop ».
The Suicide Squad n’est pas une œuvre profonde qui porte à réfléchir, mais bien un divertissement aussi violent que drôle qui, s’il ne conviendra peut-être pas au grand public, ravira toutefois les amateurs des comics de John Ostrander.
7/10
The Suicide Squad
Réalisation : James Gunn
Scénario : James Gunn (d’après la série de John Ostrander)
Avec : Margot Robbie, Idris Elba, John Cena, Joel Kinnaman, Michael Rooker, Viola Davis, Peter Davidson et Nathan Fillion
Durée : 132 minutes
Format : UHD (4K, Blu-ray et copie numérique)
Langue : Anglais, français, espagnol, italien, polonais, hongrois, tamoul, télougou, hindi