À l’image de plusieurs journalistes s’étant tourné vers les réseaux sociaux pour exprimer leur mécontentement, voire leur colère, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a vivement dénoncé, jeudi, l’intervention de la Sûreté du Québec (SQ) menée mercredi soir dans les bureaux du Journal de Montréal. Cette perquisition a mené à la saisie de l’ordinateur et de documents appartenant au journaliste Michaël Nguyen.
Comme le rappelle la FPJQ dans la déclaration publiée sur son site web, M. Nguyen publiait en juin dernier un article concernant une plainte déposée à l’encontre de la juge de la Cour du Québec Suzanne Vadboncoeur, en lien avec des insultes que celle-ci aurait proféré à l’endroit de constables spéciaux à la suite d’un souper de Noël remontant à décembre de l’an dernier.
Selon ce qu’écrit la Fédération, « la saisie de l’ordinateur de M. Nguyen, qui survient à la suite d’une plainte du Conseil de la magistrature, vise à déterminer la provenance de ces informations. Le Conseil allègue que le reporter a eu accès illégalement à des documents confidentiels pour la rédaction de son reportage ».
De son côté, l’avocat du Journal de Montréal, Bernard Pageau, rappelle que « toute perquisition dans un média d’information constitue une entorse à la liberté de presse et à la démocratie », avant de qualifier cette affaire d' »inacceptable ».
« Il est inadmissible de perquisitionner des journalistes ou des médias d’information pour tenter de démasquer leurs sources lorsque ce qui a été révélé est d’intérêt public, comme dans le cas présent. Le public a le droit de savoir comment se comportent les représentants de l’État, qui plus est quand ils sont chargés d’appliquer la loi », a pour sa part déclaré le président de la FPJQ, Jean-Thomas Léveillé.
À l’Assemblée nationale, l’ensemble des partis ont rapidement adopté une motion réaffirmant la liberté de presse au Québec. Ce à quoi divers journalistes ont réagi sur Twitter et Facebook en exigeant que le gouvernement suive son propre exemple et fasse preuve de davantage de transparence. La notion du droit d’accès à l’information provoque en effet son lot d’étincelles, le désir d’informer de l’appareil médiatique se heurtant parfois à la volonté de contrôle des structures étatiques.
« Traquer ainsi la provenance de telles informations constitue une tentative d’intimidation envers les journalistes et les sources elles-mêmes, alors qu’œuvrer à faire taire les lanceurs d’alerte risque d’empêcher le public d’être bien informé », poursuit, intraitable, la fédération des journalistes, le plus important regroupement de travailleurs de l’information de la province.
La FPJQ martèle que « les journalistes ne sont pas des informateurs de la police et les corps policiers ne doivent pas se servir des journalistes pour accomplir leurs enquêtes ». Demande est donc faite auprès des autorités provinciales pour que l’ordinateur saisi soit rapidement analysé et restitué à son propriétaire.