Réunissant quatre monuments du cinéma dans une qualité jusqu’à présent inégalée, le coffret Universal Classic Monsters Icons of Horror Collection est un véritable petit trésor, qui permet de constater l’influence de ces productions datant des années 1930 et 1940 sur les films d’horreur modernes.
Dès les années 1920, bien avant l’avènement de ce que l’on appelle aujourd’hui le cinéma de genre, Universal a ouvert la voie, en multipliant les films d’horreur mettant en vedette des vampires, des loups-garous, des hommes invisibles, des créatures fabriquées en laboratoire, et des momies ou des bêtes préhistoriques revenant à la vie, ce qui a valu aux studios le surnom bien mérité de la « maison des monstres ». Juste à temps pour célébrer l’Halloween, Universal Classic Monsters Icons of Horror Collection propose quatre productions incontournables dans un même coffret, soit Dracula, Frankenstein, The Invisible Man et The Wolf Man, présentés pour la toute première fois en ultra-haute définition.
De nos jours, le cinéma de genre s’appuie beaucoup (parfois trop) sur les effets spéciaux, et il est très intéressant de constater que dans les années 1930, les réalisateurs misaient beaucoup plus sur l’histoire, l’ambiance, l’inventivité visuelle et la performance des acteurs pour donner de la crédibilité à leurs histoires fantastiques. Les quatre films de ce coffret ne s’adressaient pas spécifiquement aux amateurs d’horreur, mais bien au grand public, et vont droit au but, avec une durée d’une heure dix en moyenne. La violence y est suggérée bien plus que montrée, une approche beaucoup plus subtile. C’est sans doute la raison pour laquelle on les regarde avec encore autant de plaisir quatre-vingt-dix ans plus tard.
Paru en 1931, le Dracula de Tod Browning constitue la toute première adaptation parlante du roman de Bram Stoker. Ce long-métrage a lancé la carrière du célèbre Bela Lugosi, dont la performance absolument magnétique dans la peau du sinistre Comte transylvanien se nourrissant de sang humain influencera toutes les générations d’acteurs qui reprendront le rôle par la suite. Il s’agit d’une œuvre sombre, gothique à souhait, et fortement influencée par l’impressionnisme allemand, dans laquelle le réalisateur fait une excellente utilisation de la lumière et de l’ombre. Browning garde souvent le visage de son vampire dans l’obscurité par exemple, éclairant uniquement ses yeux afin d’accentuer leur pouvoir hypnotique.
Adapté lui-aussi d’un chef-d’œuvre littéraire, le Frankenstein de 1931 est le second film que l’on retrouve sur le coffret. À notre époque où le clonage est sur le point de devenir réalité et où les scientifiques jouent parfois à Dieu, cette fable de Mary Shelley sur la science sans conscience n’a rien perdu de sa pertinence, au contraire. Avec seulement un peu de maquillage et beaucoup de talent, Boris Karloff incarne à la perfection un monstre naïf qui, à l’image de Lenny dans Des souris et des hommes, n’est pas conscient de sa force mortelle, et se révèle bien moins monstrueux que son créateur dérangé, et la foule qui le pourchasse sans répit.
Même si cette fois-ci, le scientifique se prend lui-même pour cobaye, c’est encore une expérience ayant mal tournée qui se trouve au cœur de The Invisible Man (1933). Les effets spéciaux sont étonnamment efficaces pour l’époque, et l’on peut voir un menton invisible sous les pansements et des objets se déplaçant par eux-mêmes, comme un vélo dont les pédales s’activent sans passager, ou une brique se soulevant par elle-même et allant se fracasser dans une vitrine. Bien qu’il soit recouvert de gaze ou carrément invisible durant tout le long-métrage, Claude Rains parvient à faire passer l’émotion uniquement par la voix, dans une interprétation qui donnera naissance à l’archétype du savant fou au cinéma.
Qu’est-ce qui distingue l’homme de la bête? Datant de 1941, le dernier film du coffret, The Wolf Man, pose cette question philosophique. Le scénario oppose la science à la superstition, la maladie mentale à la malédiction, alors que Larry Talbot, de retour au domaine familial après dix-huit ans d’absence, se fait mordre par un loup un soir dans les bois et que des changements physionomiques l’affectent peu à peu, l’obligeant à succomber à l’animal en lui. Jouant à la fois l’humain et le loup-garou velu, Lon Chaney Jr. livre une performance iconique. La distribution compte aussi Claude Rains et Bela Lugosi dans des rôles secondaires. Bien qu’Universal ait tenté de faire une nouvelle mouture de ce long-métrage, la version originale demeure supérieure.
Étant donné les limitations techniques de l’époque, les quatre films en noir et blanc, et s’affichent dans un format 640 X 480, avec des bandes noires sur les côtés de l’écran. Si certaines séquences sont parfois granuleuses, le travail de restauration est vraiment remarquable, et l’image est cristalline la plupart du temps. Contenant les longs-métrages sur quatre disques 4K et quatre disques Blu-ray, ainsi qu’un code pour télécharger une copie numérique, des heures de matériel supplémentaire agrémentent le programme. Des documentaires replaçant ces œuvres dans leur contexte historique, des portraits de Bela Lugosi ou Lon Chaney Jr., des revuettes portant sur le difficile travail de restauration, des pistes de commentaires livrées par des historiens du cinéma, une trame sonore alternative signée Philip Glass pour Dracula, et j’en passe.
Il est assez incroyable que des films datant de 80 ou 90 ans aient aussi bien vieilli, et on ne peut que remercier Universal d’avoir restauré ces œuvres intemporelles pour nous permettre de les visionner en 4K. Il s’agit définitivement d’un coffret qui réjouira tous les amateurs de cinéma d’horreur.
8/10
Universal Classic Monsters Icons of Horror Collection
Réalisation: Tod Browning, James Whale et George Waggner
Scénario: Garret Fort, Francis Edward Faragoh, R.C. Sherriff, Curt Siodmak (d’après les oeuvres de Bram Stoker, Mary Shelley et H.G. Wells)
Avec: Bela Lugosi, Boris Karloff, Claude Rains, Lon Chaney Jr., David Manners, Colin Clive, Gloria Stuart et Warren William
Durée: 286 minutes
Format : UHD (4K, Blu-ray et copie numérique)
Langue : Anglais, français et allemand