Les Éditions La Mèche viennent de faire paraître L’équilibre, un polar dystopique de Cassie Bėrard qui avait déjà publié La valeur de l’inconnue, toujours chez La Mèche, en 2019.
L’action se déroule dans le futur proche d’un Québec dirigé depuis une décennie par le Parti citoyen qui se veut réformateur et démocratique. Mais tout le monde le sait, la démocratie, on en parle beaucoup tant qu’on n’a pas gagné ses élections. Par contre, les réformes, on ne se gêne pas pour en faire lorsqu’on a le pouvoir et c’est ce que le Parti citoyen a fait à propos de la gestion carcérale de la sécurité publique. Il a décidé que des citoyens deviendraient geôliers, que ça leur plaise ou non, dès lors qu’ils disposent d’assez d’espace sur leur propriété. On se doute que ce genre de responsabilité n’est pas sans entraîner son lot de réactions et de difficultés. Cela amène aussi à la création de nouveaux métiers dont celui d’inspectrice des prisons et celui, plus particulier, d’ouvreur.
Il y a déjà plusieurs années que ce système a été mis en place et on sent qu’il est en train de craquer de toutes parts: évasions et tentatives de suicide en sont les manifestations les plus évidentes. Et c’est sans parler des impacts émotionnels sur les geôliers.
C’est dans ce contexte que nous suivons Estelle, inspectrice, et quelques-uns de ses collègues des prisons et de la police. Ils seront aux premières loges de tous ces dérèglements alors que le gouvernement annonce une nouvelle réforme qui nous rappelle le 1984 d’Orwell.
Le récit est efficace, sans longueur ni détour inutile. Ce n’est pas long qu’une ambiance mystérieuse et pesante s’installe. Les collègues ne se font plus confiance, les médias s’en mêlent, en même temps que gardiens de prison et prisonniers ont entre eux des relations empreintes d’hostilité ou d’humanité, selon le cas. Ce qui est évident, à la fin, c’est que l’équilibre est rompu et que Mme Bérard a véritablement le sens du polar.