Véritable ovni cinématographique, The Dressmaker fascine pendant assez longtemps tellement ses nombreuses propositions, aussi étranges paraissent-elles, se mélangent et fonctionnent avec étonnamment de succès. Et ce jusqu’à un dernier acte complètement risible qui gâche en un rien de temps tout le potentiel qu’on y avait relevé précédemment.
Sans la fougue et le panache de Kate Winslet, toujours aussi splendide qu’à ses habitudes, tout comme de cette omniprésence de la haute couture qu’elle sait porter avec tant de beauté, The Dressmaker perd beaucoup de sa prestance. Pourtant, cette adaptation du roman de Rosalie Ham est une production australienne qui fait beaucoup jaser, et ce, avec raisons puisqu’elle doit beaucoup aux choix souvent surprenants qu’apporte la réalisatrice Jocelyn Moorhouse, qui cosigne également le scénario.
Avec ses ruptures de ton qui vont dans tous les sens, du western au mélodrame en passant par la romance, le film de vengeance sanglant, la comédie burlesque et on en passe, on apprécie son flair et son désir de faire du septième art un véritable terrain de jeu. Après tout, elle profite aisément des limites du cinéma pour explorer celles de son récit, se jouant habilement des cadrages, de la direction photo (Donald McAlpine a après tout travaillé avec Baz Lhurmann sur Moulin Rouge! Et Romeo + Juliet tout comme la monteuse Jill Bilcock), de la direction artistique, des éclairages, mais aussi de la musique, alors que David Hirschfelder délire carrément en évoquant autant Daniel Pemberton, Max Richter, Alexandre Desplat et Marco Beltrami notamment.
Malheureusement, toute cette folie créative finit par perdre pied alors que le film s’étire inutilement une fois que cet étonnant suspense policier ait trouvé sa clé. Toujours aussi bizarre, mais moins engageant, le long-métrage donne alors dans le risible et ses élans Tarantino-esque, tout comme de cette mort majeure que Christophe Honoré ne renierait pas, paraissent comme inutiles face à une histoire qui ne méritait finalement pas autant.
Bien sûr, la vengeance reste le plat principal, mais s’il a beau se manger froid, on aurait préféré qu’il s’avère aussi gratifiant que dans d’autres propositions cinématographiques et non au point de nous refroidir carrément. Cela donne alors plus de temps pour se mettre à réfléchir aux incongruités, à s’interroger sur l’âge du personnage de Winslet qui détonne avec les autres, de cette relation plus ou moins crédible avec Liam Hemsworth, du personnage et de la performance de Hugo Weaving qu’on ne sait pas comment qualifier, et de plein d’autres petits détails qui passaient pratiquement dans le beurre quelques minutes auparavant tellement l’esbroufe était après tout si divertissante.
On regardera The Dressmaker alors avec curiosité parce que c’est un genre de western atypique, sans pour autant en être véritablement un, féminisé jusqu’à un certain point, et comme pas tant de choses finalement. Dommage alors qu’il n’aura pas su conserver tous ses attraits jusqu’à la toute fin.
The Dressmaker prend l’affiche en salles ce vendredi 23 septembre.