Y a-t-il quelque chose à sauver, en Bosnie? Une trentaine d’années depuis la guerre, Sarajevo est en apparence une ville tout à fait moderne, avec un certain niveau de richesse. Sous la surface, cependant, le réalisateur Igor Drljaca démontre, dans son film The White Fortress présenté au Festival du nouveau cinéma (FNC), que l’eau est particulièrement trouble.
Orphelin vivant par la force des choses avec sa grand-mère, une vieille femme malade qui ne vit que dans le passé, le jeune Faruk a des rêves de liberté, d’amour et de richesses. Malheureusement pour lui, il semble condamné à de petits boulots, que ce soit comme ferrailleur, avec son oncle, ou comme livreur pour ce qui a toutes les apparences d’un grand criminel.
À l’opposé, il y a Mona, une jeune femme qui vient d’une famille bien nantie, mais qui a bien rapidement constaté que cette vie de rêve n’était en fait qu’une cage dorée, contre les barreaux de laquelle elle se heurtera bien assez vite.
Deux visions du monde, deux personnalités, mais une seule envie: celle d’une liberté retrouvée, loin du poids du passé. On se doute bien, cependant, que ledit passé aura vite fait de les rattraper et de compliquer leur idylle naissante.
Si la structure du film est relativement classique, et évoque même, au passage, le classique de Journey, Don’t Stop Believin’, avec ses deux protagonistes d’origine différente qui se retrouvent ensemble à bord du même train de minuit, The White Fortress est aussi une ode au renouveau, phénomène qui est ici mis en adéquation par rapport à un certain immobilisme, une impression que rien ne changera jamais, malgré les années qui passent.
Il y a, dans les images de The White Fortress, un genre de beauté surannée qui est tout aussi délavée par le passé qu’intemporelle. Cela est particulièrement vrai dans les plans tournés à l’extérieur de la ville, lorsque cette dernière se révèle encerclée par les montagnes.
Film doux-amer, film délicieusement lent, The White Fortress est une oeuvre contemplative que l’on visionnera en pensant à cet avenir paisible, mais flou, que l’on imaginait encore il y a quelques années.