À quelques semaines de la conférence internationale sur le climat prévue en Écosse, la COP26, les maires des grandes villes canadiennes font front commun en faveur de la poursuite des interventions gouvernementales visant à limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius. Ces mêmes maires appellent aussi les autres paliers gouvernementaux à offrir de l’aide en vue d’atteindre la carboneutralité, ce qui nécessitera des investissements massifs.
Dans une lettre transmise la semaine dernière, le président du caucus des maires des grandes villes de la Fédération canadienne des municipalités, Mike Savage, est catégorique: « Il n’est plus possible de nier l’urgence climatique au Canada. Feux de forêt, inondations catastrophiques, canicules mortelles; il est clair que nous sommes confrontés à la crise climatique, en particulier dans nos villes, et que les mesures actuelles ne suffisent pas. »
Toujours selon M. Savage, les maires des grandes villes veulent respecter la cible de l’Accord de Paris, soit un réchauffement maximal de 1,5 degré Celsius, ce qui implique la carboneutralité de l’ensemble de la civilisation humaine d’ici 2050. Cet objectif, qui doit justement être réaffirmé lors de la COP26, nécessitera des engagements politiques et financiers qui font pour l’instant défaut. Cela est encore plus vrai au Canada, où les émissions polluantes sont particulièrement élevées; en fait, le Canada est le seul pays du G7 où la pollution de l’air s’est accrue depuis 10 ans, notamment en raison de l’utilisation de véhicules plus énergivores dans le secteur du transport, ainsi que de l’exploitation des sables bitumineux albertains, l’une des pires sources de pétrole de la planète en matière environnementale.
« Des solutions pour réduire les émissions existent déjà dans nos villes. Environ la moitié des émissions du Canada sont produites dans les municipalités. Il serait donc illusoire de penser que nous pouvons atteindre nos cibles de réduction sans une baisse substantielle des émissions liées aux bâtiments, aux transports et aux matières résiduelles. Si nous nous y attaquons maintenant, nous créerons des emplois verts qui favoriseront une relance économique post-pandémie verte et inclusive », mentionne encore M. Savage dans sa lettre, avant de réitérer l’urgence « d’agir rapidement ».
Pour atteindre l’objectif ambitieux de la carboneutralité, c’est Ottawa qui devra délier davantage les cordons de la bourse, plaide encore M. Savage: « Il faut commencer par élargir les investissements fédéraux dans des solutions probantes qui permettront d’atteindre la cible climatique de 2030 du Canada. Autrement dit, investir davantage dans l’amélioration écoénergétique des bâtiments, la production d’énergie communautaire, les véhicules zéro émission, le transport actif, la gestion des déchets et de l’eau, les solutions axées sur les infrastructures naturelles et la planification d’un aménagement des terres carboneutre. »
Cette démarche survient au même moment où, au Québec, l’organisme Vivre en ville a présenté un vibrant plaidoyer en faveur de l’arrêt de l’étalement urbain dans le contexte de conception de la future Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires; l’étalement urbain entraîne en effet la construction de routes supplémentaires, la destruction de milieux humides et de terres agricoles, ainsi qu’une utilisation accrue de la voiture, les nouvelles villes de banlieue étant souvent peu ou pas desservies par le transport collectif.