Dans un étrange manoir, un groupe de médiums tente de résoudre le mystère de la disparition d’un individu. Il leur faudra cependant faire preuve de toute l’adresse intellectuelle qui soit: si un seul d’entre eux échoue, la malédiction s’abattra sur tous. Ainsi va cet étrange sort. Ainsi va Mysterium.
Conçu par Oleksandr Nevskiy et Oleg Sidorenko, et distribué au Québec par Asmodée Canada, Mysterium est un jeu de déduction à la fois collaboratif et compétitif qui rappellera, par certains de ses aspects, les meilleurs côtés de Clue. Comme dans le classique de Parker Brothers, il faudra en effet découvrir trois aspects de la mort d’une certaine personne sur le terrain du gigantesque manoir à l’intérieur duquel les joueurs sont réunis. Mais plutôt que de tenter de révéler l’identité du meurtrier, il s’agit plutôt de déterminer qui est le défunt.
Pour le reste, les codes sont respectés: il faudra aussi découvrir le lieu du décès et l’objet employé pour envoyer ad patres notre macchabée inconnu.
Pour ce faire, Mysterium déploie ses « tours de magie » les plus convaincants: il en reviendra au maître de jeu, qui interprète ici le « fantôme » du mort tentant de résoudre le mystère de son propre décès pour que son âme puisse enfin trouver la paix, d’envoyer des « signes » aux différents joueurs, lors de la première étape du jeu. Cela consiste à remettre des cartes contenant différentes images à la signification toujours floue. En deux minutes ou presque, le temps que le sable finisse de s’écouler d’un côté du sablier inclus dans la boîte, chaque joueur devra tenter de faire la lumière sur l’un des trois aspects entourant le meurtre.
Le plus intéressant, bien sûr, c’est que le dialogue est fortement encouragé entre les joueurs. Et si un ou plusieurs participants se trompent, le maître de jeu pourra fournir de nouvelles cartes imagées, histoire de tenter de préciser sa pensée, en quelque sorte.
Mais gare à ne pas se tromper trop souvent! Si, en sept tours, tous les joueurs ne sont pas en mesure de deviner correctement leurs trois aspects respectifs du décès, la partie est perdue.
Vient ensuite l’étape du « référendum », qui consiste à déterminer quel ensemble de trois aspects du meurtre représente ce qui s’est réellement passé dans le manoir. Et c’est probablement là que Mysterium s’essouffle considérablement.
En fait, pour expliquer ce problème du jeu, il faut d’abord expliquer que ce journaliste a joué une partie à deux joueurs, l’autre personne endossant le rôle de deux personnages, comme indiqué dans le manuel. Déjà, ce dernier n’indiquait pas s’il fallait octroyer deux minutes par personnage pour la phase de devinette, mais cet aspect est secondaire.
Le véritable hic, c’est qu’à deux joueurs, un aspect primordial du jeu saute: à trois joueurs et plus, ceux qui jouent les médiums doivent non seulement surmonter l’obstacle de la phase de devinette, mais aussi utiliser certains jetons pour confirmer leurs choix, ou douter de celui des autres. Et ce n’est que dans la deuxième moitié du jeu, une fois l’étape du référendum atteinte, que ces jetons deviennent utiles, en permettant de complexifier un peu les choses, puis de départager les vainqueurs en fin de partie, au besoin.
Or, non seulement tout cet aspect semble relativement complexe, avec une pléthore de jetons et autres pinouches en carton dont il faut tenir compte, mais tout cela est rendu caduc à deux joueurs. Une fois les devinettes réussies, le deuxième joueur a droit à une dernière carte ou série de cartes de la part du fantôme pour effectuer le « référendum », et a en gros une chance sur deux de l’emporter.
Ultimement, Mysterium fait partie de ces jeux dont les concepteurs se sont très longtemps creusé les méninges pour parvenir à une option à deux joueurs, mais sans que celle-ci soit véritablement valable ou amusante tout au long de la partie. Et si la présentation visuelle est superbe, tout comme la qualité des pièces, le très grand nombre de celles-ci a tendance à provoquer une certaine confusion, que ce soit lors de la mise en place ou en jeu.
Bref, Mysterium s’appuie sur d’excellentes intentions, mais peut-être faut-il effectuer plusieurs parties avant de véritablement saisir tous les codes… et ainsi éviter de se poser trop de questions qui ralentissent le rythme.