Au même moment où les électeurs allemands donnaient le pouvoir aux sociodémocrates, après 16 ans de « règne » de la chancelière conservatrice Angela Merkel, les Berlinois, eux, étaient aussi amenés à se prononcer sur un projet de référendum visant à combattre les prix particulièrement élevés dans la capitale. Résultat: environ 11% des propriétés locatives de la ville pourraient devoir être cédées au gouvernement municipal.
Comme le mentionnait The Guardian, en début de semaine, la proposition, qui visait uniquement les entreprises possédant 3000 logements et plus, a recueilli l’aval de 56,4% de la population, et toucherait quelque 240 000 appartements.
Le hic, c’est qu’il s’agit d’un résultat non contraignant. Il en reviendra donc au gouvernement municipal, lui aussi élu le 26 septembre, date des élections fédérales, de choisir s’il est nécessaire d’aller de l’avant dans ce dossier.
Cette question pourrait aussi se retrouver au coeur des tractations entre les différents partis fédéraux, les sociodémocrates n’ayant remporté qu’une poignée de sièges de plus que leurs anciens alliés de la CDU/CSU, le regroupement duquel était issu l’ex-chancelière Angela Merkel. Et puisque les verts, les gauchistes et les libéraux ont tous, dans des proportions diverses, la capacité de faire pencher la balance en faveur d’un grand parti ou de l’autre, des propositions progressistes comme la socialisation d’une bonne partie du parc locatif pourraient convaincre des députés de rejoindre une éventuelle coalition dirigée par le SDU (les sociodémocrates).
Comme le mentionne encore The Guardian, quelque 42 milliards d’euros ont été investis dans le parc locatif berlinois entre 2007 et 2020 sous la forme de grands projets, ce qui est davantage que Londres et Paris réunies. Avec, à la clé, des petits propriétaires ardemment « courtisés » par les grandes entreprises à des fins de rachat.
Un marché en surchauffe
De son côté, la firme de courtage immobilier Homeday affirme, chiffres à l’appui, que le marché locatif est très largement hors de portée du « travailleur moyen ».
Dans une note d’information transmise à la presse, l’entreprise mentionne que 17 des 19 quartiers de la capitale sont « inaccessibles pour le salarié moyen ». Dans le quartier de Mitte, qualifié de « deuxième quartier le moins abordable d’Allemagne », une personne gagnant le salaire moyen d’un travailleur berlinois devrait débourser plus de 61% de ses revenus pour payer son loyer.
« Selon le Bureau fédéral des statistiques, au-delà de 40% du revenu consacré au loyer, il est question d’un « fardeau locatif », ce qui signifie que le salarié moyen ne peut habiter dans 17 des 19 quartiers » de la ville sans franchir cette limite.
C’est ainsi seulement dans les quartiers de Rosenthal (nord, loyer moyen de 1307 $ CAD) et de Steglitz (centre-sud-ouest, 1248 $ CAD) que les prix sont jugés « abordables » par la compagnie. Dans ces deux quartiers, il faut tout de même gagner environ 3200 $ CAD par mois pour ne pas dépasser la limite de 40% des revenus consacrés au loyer. Au Québec, le salaire mensuel moyen s’établissait à 2763 $ en 2019.
Dans le quartier le plus cossu de Berlin, Mitte, le loyer moyen est de 1984 $ CAD, et il faudrait gagner au moins 4957 $ CAD par mois pour ne pas franchir le seuil des 40% du revenu consacré au logement.
Tous ces prix ne concernent d’ailleurs qu’un logement typique de 59 mètres carrés, destiné à une personne seule.
Pour des logements destinés aux familles, avec une superficie de 95 mètres carrés, les prix bondissent, avec un loyer moyen minimum de 1885 $ CAD dans le quartier le plus abordable, ce qui implique un salaire combiné minimum de 4713 $ CAD pour ne pas franchir le fameux seuil.