Le manque à gagner climatique, pour les pays les moins fortunés du globe, atteindra la somme mirobolante de 75 milliards de dollars pour la période de 2020 à 2025, affirme l’organisation internationale Oxfam dans une nouvelle estimation rendue publique lundi.
Au dire d’Oxfam, d’ailleurs, ce trou béant dans les finances publiques de ces petits pays s’inscrit en faux par rapport à l’engagement des pays riches quant au financement, à hauteur de 100 milliards par année, des démarches d’amoindrissement des impacts des changements climatiques et d’adaptation aux transformations planétaires.
De son côté, l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, a indiqué vendredi, données à l’appui, que ces mêmes pays riches n’avaient versé qu’environ 80 milliards en 2019, soit 20% sous l’objectif établi.
« Au regard des engagements actuels, Oxfam estime que les pays riches ne tiendront pas leur promesse et n’atteindront que 93 à 95 milliards de dollars par an d’ici 2025, cinq ans après la date fixée. Cela signifie que les pays vulnérables pourraient se voir privés de 68 à 75 milliards de dollars au total au cours de cette période de six ans », mentionne-t-on par voie de communiqué.
« La pandémie a montré que les pays peuvent mobiliser rapidement des milliers de milliards de dollars pour répondre à une urgence – c’est clairement une question de volonté politique. Soyons clairs, nous sommes dans une urgence climatique. Les impacts sont déjà visibles dans le monde entier. La même détermination doit être au rendez-vous. Des millions de personnes ont déjà perdu leur maison, leurs moyens de subsistance et leurs proches à cause de tempêtes violentes et de sécheresses chroniques, causées par une crise climatique à laquelle elles n’ont pas contribué. Les nations riches doivent tenir la promesse qu’elles ont faite il y a douze ans et passer de la parole aux actes. Nous devons voir de réelles augmentations de financements dès maintenant », indique pour sa part Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat chez Oxfam France.
En juin, l’organisation affirmait que sans gestes climatiques « plus ambitieux », les économies des pays du G7 encaisseraient d’importantes contractions. Pour le Canada, cela signifie une dégringolade de l’ordre de 7% par année d’ici 2050. Pour le groupe entier, la diminution atteindrait 8,5% par an, soit 4800 milliards qui s’évaporeraient au cours des 30 prochaines années.
Oxfam se désole par ailleurs de constater que la crise climatique, pourtant annonciatrice de pertes économiques « deux fois supérieures à celles de la pandémie », n’a pas droit aux mêmes investissements que la crise sanitaire. De fait, l’an dernier, l’Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, l’Australie et le Japon ont ainsi dépensé plus de 15 000 milliards pour aider leurs citoyens et maintenir leur économie nationale à flot, « soit 151 fois plus que l’objectif des 100 milliards », affirme l’organisation.
Parallèlement à cela, les dépenses militaires ont elles aussi progressé, avec une augmentation de près de 75% en 20 ans, rapportait l’an dernier la firme LearnBonds.
Oxfam a publié son plus récent avertissement alors que les pays membres de l’ONU reviennent à New York pour entamer la nouvelle session de l’Assemblée générale, et que la planète se prépare en vue de la conférence sur le climat prévue en Écosse, la COP 26.