Est-ce un « simple » récit fantastique? Est-ce plutôt un exercice de style? Quoi qu’il en soit, The Green Knight, un long-métrage scénarisé, réalisé, monté et produit par David Lowery, est une proposition cinématographique suffisamment étonnante et surprenante pour mériter le détour.
Le roi Arthur n’est plus que l’ombre de lui-même: si son royaume est toujours bien solide, et sa table ronde bien remplie, l’homme, lui, est au crépuscule de son existence. Le film ne porte d’ailleurs pas sur le légendaire roi de Bretagne, mais plutôt sur son neveu, Gawain (ou Gauvain dans la version française de la saga médiévale). Le jeune homme, davantage habitué à faire la fête qu’à se couvrir de gloire, est pris d’amitié par le souverain, qui est aussi son oncle.
Un tel accompagnement, si on peut le qualifier ainsi, aura des conséquences particulièrement importantes le jour de Noël, où un étrange chevalier vert, à l’image d’une sorte d’arbre qui aurait pris vie, fait irruption à la cour et lance un défi : que quiconque l’affronte et tente de le vaincre. La seule condition, si l’on peut la qualifier ainsi, est que l’année suivante, le vainqueur devra retrouver l’étrange chevalier, dans une étrange chapelle, et recevoir le même coup qu’il aura porté.
Désireux de se couvrir de gloire, Gawain tranche carrément la tête de ce mystérieux combattant. Commence alors une étrange série d’aventures qui culmineront avec un voyage initiatique au dénouement troublant.
Surtout connu pour avoir tenu le rôle principal dans Slumdog Millionaire, l’acteur Dev Patel joue ici un Gawain à la fois sûr de lui et follement inquiet de ce qui l’attend dans cette sinistre chapelle, à quelques jours de cheval au nord de ce qui est sans doute Camelot.
Lowery n’a d’ailleurs rien ménagé du côté des effets visuels et spéciaux. Des costumes aux décors, en passant par les rares utilisations d’images de synthèse, The Green Knight est un film magnifique. Visiblement tourné en Écosse – tout au moins pour de nombreuses scènes extérieures –, le film en met franchement plein la vue.
On ne peut cependant pas en dire autant du scénario. Sans avoir lu le poème du 14e siècle duquel serait inspiré le long-métrage, force est d’admettre qu’en mettant les artifices visuels de côté, on se retrouve avec une histoire relativement banale d’un personnage se rendant d’un point A à un point B. Bien entendu, il y est question de croissance personnelle, de doute, de bravoure, de peur, mais on s’attendait à… un peu plus? Un peu plus de questionnements? Un peu plus d’aventures? Un peu plus de dialogues avec les personnages rencontrés ici et là? Le cinéphile a plutôt l’impression que le film est parfois incomplet, ou que les images sont censées être si impressionnantes que le reste est secondaire.
C’est bien dommage, puisque l’exécution est quasiment sans faille. Et malgré ce manque, The Green Knight est une proposition cinématographique tout à fait solide. Sans doute ne faut-il simplement pas y chercher une rédemption, ou une illumination.