À Bratislava vendredi, les 27 représentants des pays membres de l’Union européenne ( UE ) se sont réunis sous l’impératif de reconquérir l’opinion sous peine de dislocation. Afin de négocier la sortie du Royaume-Uni, l’UE a désigné l’ex-premier ministre belge Guy Verhofstadt, l’un des plus fervents défenseurs du fédéralisme, d’après le quotidien espagnol El País le 9 septembre.
Quelques semaines avant les dernières élections du Parlement européen en 2014, la chaîne Euronews ( société française ) a organisé un débat entre les chefs. Même si les quatre candidats étaient de nationalité belge, Guy Verhofstadt, luxembourgeoise et allemande et que tous parlent l’allemand et trois sur quatre le français, ce débat s’est déroulé en anglais. De plus, le débat était animé par un journaliste américain, Chris Burns, et une journaliste britannique, Isabelle Kumar, critique l’écrivain Benoît Duteurtre dans le Monde diplomatique de juin.
En Europe, les deux premières langues maternelles sont l’allemand avec 90 millions de germanophones et le français, avec 70 millions de francophones. Il s’agit également des langues des pays fondateurs du Marché commun, rappelle l’écrivain Duteurtre. La Commission européenne ignore ouvertement le règlement linguistique de 1958 qui donne aux 24 langues nationales des États membres le statut de langues officielles et de travail de l’UE, affirme le professeur de l’Institut d’études européennes de l’université Paris-VIII, Bernard Cassen dans le Monde diplomatique de juillet.
Dans les faits, l’UE est de plus en plus anglaise dans la plupart des domaines scientifiques et techniques, dans la gestion des entreprises, dans l’enseignement supérieur, les métiers de la communication et du commerce, énumère le professeur Cassen.
La Chine s’administre en mandarin, la Russie se gouverne en russe, les États-Unis en anglais, mais l’UE est la seule entité mondiale à s’exprimer dans une langue qui n’est pas la sienne, compare l’écrivain Duteurtre.
Union
Le libéral flamant Guy Verhofstadt, premier ministre de la Belgique de 1999 à 2008, est l’un des plus fervents défenseurs de l’UE. Une position radicalement opposée à celle de la première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, lit-on dans El País le 9 septembre. M. Verhofstadt prône une plus grande intégration politique à l’intérieur de l’UE. Une position expliquée dans son ouvrage Les États-Unis d’Europe paru en 2006 pour lequel il a obtenu le 1er Prix du livre européen, décerné le 5 décembre 2007 à Bruxelles au Parlement européen.
L’analyse du « manifeste » part d’un constat simple : l’Europe n’a plus vraiment le choix. Si elle veut continuer à exister politiquement et économiquement dans le monde de demain, dont les puissances majeures seront les États-Unis, le Japon, la Chine et l’Inde, l’UE n’a d’autre alternative que de devenir une véritable entité politique : les « États-Unis d’Europe », rapporte Emmanuel Brutin du magazine eurocitoyen Le Taurillon, le 7 décembre 2007.
Au-delà des idées déjà connues, Guy Verhofstadt ouvre de nouvelles voies intéressantes. Par exemple, la création de « largeurs de bandes » entre lesquelles les États membres de l’UE pourraient fluctuer en matière de flexibilité du travail, de protection des travailleurs, de pression fiscale, etc. Cela permettrait à l’Europe de conserver une cohérence économique tout en laissant aux pays le soin de s’adapter selon leurs traditions, mentionne Emmanuel Brutin.
Universel
Pour le professeur Cassen, l’UE n’est pas seulement anglaise dans ses pratiques linguistiques, elle l’est aussi dans sa philosophie et ses politiques depuis son origine. Le traité de Rome en 1957 a placé les dogmes libéraux de la concurrence et du libre-échange au sommet de l’édifice communautaire.
Malgré l’emploi de l’anglais à plusieurs niveaux, le citoyen britannique n’a pas été informé sur la manière dont son pays a façonné les pratiques et les politiques communautaires de l’UE, d’après le professeur Cassen. Une incompréhension généralisée qui s’est soldée par la victoire du Brexit le 23 juin.
L’économie globale est menacée par les protectionnismes, a soutenu le Président chinois Xi Jinping au dernier sommet du G20 à Hangzhou en Chine, les 4 et 5 septembre. L’avertissement vaut tout aussi bien pour cette puissance qui fait face à la résistance de plusieurs peuples qui refusent sa domination.
La Coalition canadienne pour les droits de l’homme en Chine comprend des groupes tibétains, ouïghours, prodémocratie ainsi que le Canada-Hong Kong Link et l’Association du Falun Dafa du Canada, rapporte le ÉpoqueTimes du 6 septembre.
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