Le rétablissement de la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique a eu un impact mesurable sur la température et les vents en haute altitude dans la région.
À partir des années 1980, des efforts internationaux avaient été entrepris pour éliminer les gaz responsables du rétrécissement de la couche d’ozone —dont les fameux chlorofluorocarbones, ou CFC. Leur concentration a diminué sensiblement depuis le début des années 2000, particulièrement dans la stratosphère, la partie supérieure de l’atmosphère — de 15 à 50 km — qui contient la couche d’ozone.
Or, les experts du climat avaient déjà noté que ce « trou » dans la couche d’ozone était favorisé par les températures froides: c’est la raison pour laquelle il ne se formait que pendant l’hiver — de juillet à septembre au-dessus de l’Antarctique, six mois plus tard au-dessus de l’Arctique. Les températures plus froides favorisaient la formation de nuages dits stratosphériques, qui libéraient le chlore. Et en retour, ce rétrécissement de l’ozone là-haut contribuait à refroidir l’air au niveau régional, favorisant des vents plus forts jusque sur le continent, au point d’altérer le courant-jet (jet stream).
Selon quatre chercheurs américains qui publient ce mois-ci dans Nature Geoscience, le processus est en train de s’inverser (ou de revenir à la moyenne d’avant la crise): le rétablissement en cours de la couche d’ozone contribue à un réchauffement local dans la haute altitude et à un affaiblissement des vents. Les changements mesurés entre 2001 et 2020 sont toutefois plus faibles que ceux mesurés dans l’autre direction pendant la période précédente, ce qui pourrait illustrer la longue période de temps qu’il faudra encore à la couche d’ozone pour revenir à son « ancienne normale ». Le fait que le « rétablissement » de la couche d’ozone soit encore loin d’être complété est d’ailleurs une hypothèse qui est plusieurs fois revenue sur la table ces dernières années.