La vie ne semble pas être facile, dans le nord du Québec. Enfin, dans le nord… Assez au nord de Montréal pour que l’on cesse de parler de la grande région métropolitaine, et que l’on ait les deux pieds dans le « pays », cette terre rude défrichée à la sueur de nos ancêtres. Voilà justement où se déroule l’action écrite et mise en scène par Jeanne-Mance Delisle, une écrivaine et dramaturge dont l’oeuvre est examinée sur les planches du Petit Théâtre, à Rouyn-Noranda.
Violence ordinaire, pauvreté, sexisme, inceste, voire la « simple » tristesse et le mal de vivre ordinaire… Tous ces thèmes ont été examinés en long et en large par Mme Delisle, notamment dans ce qui est probablement son oeuvre la plus connue, la pièce Un « reel » ben beau, ben triste, créée en 1980.
Pas tout à fait reprise des textes de l’auteure, pas tout à fait hommage, pas tout à fait rétrospective, Le coeur sacré de Jeanne-Mance examine, en mêlant extraits, lectures et discussions, cette oeuvre littéraire et théâtrale qui a si profondément marqué la région. Est-ce parce qu’elle marque au fer rouge une réalité que bien des gens connaissent, mais que peu ont le courage de d’évoquer en public? Est-ce plutôt parce qu’il s’agit, on l’espère, d’un pont entre une époque possiblement révolue et un avenir meilleur? Est-ce parce que derrière cette femme en apparence ordinaire, se cache une énergie, ou encore une volonté qui viendra ébranler les colonnes du temple?
La réponse est laissée au spectateur, mais une chose est sûre: les mots de Mme Delisle frappent fort, même pour ceux qui découvrent à peine son oeuvre.
Si l’on peut déplorer ou un deux temps morts, Le coeur sacré de Jeanne-Mance est une oeuvre fort intéressante qui lève le voile sur un pan moins connu de la dramaturgie québécoise. Une oeuvre à voir en ligne d’ici le 2 septembre.