C’est chez Kata, sa propre maison d’édition, que Luca Paladino publiait récemment un roman qui se veut politique, un roman qui est malgré tout politique. Et c’est le « malgré tout » qu’il faut retenir à propos de Ma ville est un cône orange.
Dans mon esprit, lorsqu’on publie ou ouvrage qui se veut politique, on cherche à passer un message. Et, pour que le message soit entendu, ou mieux, compris, il faut pouvoir être pris minimalement au sérieux. On peut y mettre un peu d’humour, de l’ironie sans doute, mais on ne s’en sort pas sans un peu de sérieux, de crédibilité.
Mais voilà que du sérieux et de la crédibilité nous en cherchons encore la trace. Vous me direz qu’on peut aussi utiliser la caricature, soit. Mais celle-ci ne doit pas être trop grossière.
La façon dont l’auteur s’y prend ne m’a vraiment pas convaincu. Après la lecture de plus de 200 pages de son roman, je ne voyais toujours pas où il voulait en venir.
Les références faciles à la corruption municipale, à la collusion entre entrepreneurs et ingénieurs, aux manifestations étudiantes, tout prend part à cette grosse caricature.
Pour ne rien aider, on nous sert aussi du réchauffé : des relations convenues entre le père magouilleur et le fils qui revendique de faire différemment de lui ainsi qu’entre ce même fils, le parfait produit de la corruption, et une révolutionnaire engagée.
On sent que j’auteur a fourni un effort quant au style, mais certains procédés narratifs sont plutôt douteux et n’apportent rien sinon que de faire différent.
Pour être gentil, on pourrait dire de Ma ville est un cône orange que c’est faire du pouce sur les révélations de la Commission Charbonneau à propos de l’attribution des contrats de travaux publics. D’un autre point de vue, on pourrait penser que l’imagination de l’auteur était en vacances de la construction pendant qu’il écrivait son bouquin ou encore que le chantier de son bouquin aurait dû rester en travaux… entourés de cônes orange.