Au cours des premiers mois de la pandémie de COVID-19, devoir payer le loyer ou son hypothèque était étroitement associé à des problèmes en matière de santé physique et de santé mentale, selon une nouvelle étude de l’École de santé publique de l’Université du Michigan.
« L’instabilité en matière d’accès au logement et les impacts imputables à la COVID-19 ont entraîné un accroissement des inégalités en matière de santé publique aux États-Unis », affirme Gregory Bushman, le principal auteur de l’étude. « De l’autre côté, le fait de ne pas s’inquiéter de perdre son toit pourrait avoir amoindri certains effets médicaux négatifs liés aux impacts délétères de la pandémie, comme le fait de perdre son emploi. »
Pour leurs travaux, dont les conclusions ont été publiés dans le magazine spécialisé Journal of Epidemiology and Community Health, M. Bushman et Roshanak Mehdipanah ont analysé des réponses fournies dans le cadre d’une vaste enquête menée au pays de l’Oncle Sam entre avril et juillet 2020, au courant de la première vague de contamination.
Selon ce sondage, 22% des propriétaires n’ont pas eu à payer d’hypothèque, tandis que 46% ont effectué des versements à leur banque, et que 32% ont loué leur demeure.
Les scientifiques se sont intéressés à la façon dont les difficultés liées à la pandémie, comme la perte d’emploi, l’insécurité alimentaire et l’incapacité de défrayer les coûts associés au logement, ont eu un impact sur l’auto-évaluation des répondants en matière de santé physique et de santé mentale.
Ils ont constaté qu’en comparaison avec les gens sans hypothèques, les propriétaires endettés et les locataires ont signalé un état de santé physique moins bon et des niveaux de détresse mentale plus élevés. De plus, ils ont observé que les différences en matière de santé évaluée par les deux groupes prenaient de l’ampleur avec le temps.
« Nous savons que le logement est l’un des déterminants sociaux de la santé. Il est nécessaire d’investir davantage dans la recherche et les politiques publiques pour construire des logements abordables, adéquats et accessibles dans les villes pour réduire les inégalités en matière de santé », affirme Mme Mehdipanah, l’autre autrice principale de l’étude.
Parmi les informations recueillies dans le cadre de l’étude, les locataires ont mentionné être davantage à risque de perdre leur emploi (58%) et être incapables de défrayer les coûts associés au logement (32%) pendant la période d’étude que les propriétaires.
Les locataires sont aussi ceux qui ont signalé le pire état de santé physique et le plus important niveau de détresse mentale.
Toujours selon Mme Mehdipanah, l’étude souligne l’importance du logement en tant que facteur de la santé. En 2019, environ 37 millions d’Américains payaient plus de 30% du revenu de leur foyer en frais de logement ou d’hypothèque. Et quelque 17,6 millions de personnes en plus dépensaient plus de la moitié de leur revenu pour payer ces frais. La situation s’est probablement dégradée depuis le début de la pandémie.
« Par ailleurs, nous voyons pour la première fois une vaste proportion de personnes âgées de 65 ans et plus avec des hypothèques », dit-elle. « Notre étude démontre à quel point le logement est important, particulièrement à un moment où la première mesure de protection consistait à rester chez soi et à se laver les mains. Si vous n’avez pas de maison, ou si votre situation en matière de logement est instable, et que vous n’avez pas d’eau courante pour vous laver les mains, vous êtes davantage à risque d’attraper la COVID-19 et d’autres maladies, en plus de souffrir de plusieurs autres problèmes. »