Un t-shirt blanc protège-t-il vraiment des coups de soleil? Ou sinon, peut-on compter sur les vêtements qui, à l’instar des crèmes solaires, affichent un facteur de protection solaire contre les rayons ultraviolets? Le Détecteur de rumeurs et l’Organisation pour la science et la société résument ce qu’on en sait.
L’origine du problème
Rappelons d’abord que l’exposition au soleil est un risque majeur de cancer de la peau: au Canada, environ un tiers des nouveaux cas de cancers sont des cancers de la peau, et leur nombre continue d’augmenter. Bien que plusieurs soient traitables, un type de cancer de la peau appelé mélanome est particulièrement dangereux. Le mélanome affectera une Canadienne sur 73, et un Canadien sur 59 pendant leur vie.
Les faits autour des vêtements
La crème solaire fait évidemment partie des protections recommandées. Outre cela, plusieurs personnes s’imaginent, à tort, que le vêtement typique constitue une protection suffisante: c’est ainsi qu’on peut lire ici et là qu’un t-shirt blanc ne laisse passer « que » 20% des rayons ultraviolets (UV). Ça peut sembler rassurant, mais sur une période d’une heure ou deux, ça fait beaucoup de radiations UV qui atteignent la peau.
Ce qui s’explique en partie par le fait que les fibres de coton ne sont pas tissées assez serrées, créant nécessairement des trous qu’on peut voir au microscope.
On ne remplace donc pas la crème solaire par le seul fait de porter des vêtements d’été typiques. Par contre, il existe un type de vêtement qui offre une protection solaire plus élevée.
Alors que les crèmes solaires sont dotées d’un facteur de protection solaire (FPS), ces vêtements reçoivent une certification similaire, appelée facteur de protection contre les rayons ultraviolets (FPU ou FPRUV, UPF en anglais). Ces vêtements ont souvent un FPU de 50+, ce qui signifie que moins d’un cinquantième des rayons ultraviolets qui frappent leur surface réussit à passer au travers. Le vêtement bloque donc plus de 98% des rayons UV. Par comparaison, le t-shirt blanc mentionné plus haut aurait une certification FPU de 5 : il laisserait passer un rayon sur cinq, soit 20%.
Il existe plusieurs trucs technologiques que les manufacturiers peuvent utiliser pour créer ces vêtements qui protègent du soleil. Certains contiennent un mélange de fibres, comme le bambou et la viscose, qui bloquent bien les rayons UV. Le tissu du vêtement peut aussi être traité par le manufacturier avec de l’oxyde de zinc ou du dioxyde de titane, les mêmes ingrédients contenus dans les écrans solaires minéraux. De plus, les vêtements à FPU ont souvent des fibres plus grosses, tissées très serrées afin de créer un matériau dense que les rayons UV ne pourront pas facilement pénétrer.
Au Canada, c’est le Programme de la sécurité des produits de consommation de Santé Canada qui surveille les affirmations des manufacturiers de vêtements à FPU. Les tests requis pour rencontrer les standards internationaux nécessitent des simulations de lavage et d’exposition à la lumière du soleil et, dans le cas de vêtements destinés à la baignade, à l’eau chlorée. Il est important de mentionner qu’il s’agit d’une industrie qui s’auto-réglemente, ce qui veut dire qu’il est théoriquement possible que des compagnies moins réputées coupent les coins ronds en espérant ne pas se faire prendre.
Ce qui bloque les UV rend le vêtement inconfortable
Les vêtements d’été réguliers ont quand même une certaine protection contre les UV. C’est une protection que certaines caractéristiques peuvent améliorer, mais ces mêmes caractéristiques rendent souvent le vêtement moins confortable. Ainsi, un vêtement plus épais protège mieux, mais on y perd en confort en été. Une couleur plus foncée absorbe plus de rayons UV mais aussi plus de rayons infrarouges qui résultent en chaleur. Si on ne veut pas suffoquer, le lin est un excellent tissu, mais son tissage n’est pas assez serré pour bien protéger des ultraviolets. Le polyester lui est supérieur, mais on y étouffe facilement (bien qu’on puisse le combiner à des tissus plus légers afin d’améliorer le confort tout en maintenant un certain facteur de protection UV).
Et enfin, il y a la lessive. Le coton et la rayonne traités à l’eau de Javel finissent par laisser passer les rayons UV un peu trop facilement, mais certains détergents à lessive contiennent des agents de blanchiment optiques qui fonctionnent de manière inverse. Ces agents absorbent les rayons UV et émettent en échange une lumière dans le spectre visible, ce qui a pour conséquence de rendre le vêtement plus éclatant à l’œil tout en ajoutant une certaine protection contre les UV. Il existe aussi des additifs de lavage comme le SunGuard (qui contient du Tinosorb) qui améliorent la protection UV des vêtements lavés.
De plus, laver les vêtements peut aussi avoir pour effet de les rétrécir, ce qui résulte en un tissu plus serré qui laissera passer moins de rayons UV. Donc, en théorie, plus le vêtement est vieux (et plus on l’a lavé), meilleur il sera pour protéger du soleil.
Une protection relative
Les vêtements dotés d’un facteur de protection contre les rayons ultraviolets (FPU) ne sont pas nécessaires pour tous, mais ils sont particulièrement utiles pour les gens à la peau claire, les enfants, les individus qui s’entraînent à l’extérieur ou qui vivent à des hauts niveaux d’élévation où le rayonnement UV est plus intense, et pour les gens qui prennent des médicaments qui augmentent la sensibilité de leur peau aux rayons UV.
Mais même si on porte des vêtements avec un FPU élevé, certaines parties du corps comme le visage demeurent exposées au soleil. Il est recommandé de les recouvrir d’une crème solaire à large spectre (UVA et UVB) dotée d’un FPS d’au moins 30. De plus, se munir de manches longues, d’un chapeau à large bord et de lunettes de soleil avec une mention « UV400 », aident beaucoup.
Et au final, comme protection, rien ne vaut… un peu d’ombre.