Les productions Marvel se suivent et ne se ressemblent pas… En fait, oui, elles se ressemblent quasiment toutes: c’est d’ailleurs un problème pour les amateurs de superhéros qui sont à la recherche d’autre chose que de la structure classique qui se termine généralement par un combat traînant en longueur, et qui coûte généralement des millions à produire par ordinateur. Fort heureusement, Loki, la plus récente série télé dans cet univers, est tout aussi rafraîchissante qu’intrigante et divertissante.
Petit rappel « historique »: à la fin du programme cinématographique double où les Avengers triomphent finalement de Thanos, Captain America remonte dans le temps pour déposer le Tesseract, un artéfact nordique de grande valeur et de grande puissance, au bon endroit, histoire de « corriger » la trame temporelle.
En 2012, année de sortie d’Avengers, premier du nom, ledit Captain heurte Loki, frère adoptif du dieu du tonnerre Thor, et échappe le précieux objet. Loki, jusqu’alors entre les mains des « bons », en profite pour s’échapper.
Et c’est là où l’action de Loki, la série, débute: le dieu des manigances et du subterfuge a à peine le temps de reprendre son souffle qu’il est arrêté par les agents de la Time Variance Authority, la TVA, qui tente de corriger les déviations par rapport à une trame narrative, en quelque sorte, qui est jugée centrale par les dirigeants de cette agence omnitemporelle. Loki étant accusé d’avoir provoqué une telle déviation, il est condamné à être éliminé, mais est finalement recruté pour partir à la chasse à… lui-même. Ou plutôt une copie de lui-même.
Après les voyages spatiaux et un peu d’exploration temporelle, justement pour vaincre Thanos, les gens de chez Marvel on ainsi ouvert toutes grandes les portes des univers parallèles et autres étrangetés qui sont déjà présentes dans les bandes dessinées, mais qui n’avaient pas encore vraiment été abordées au petit ou au grand écran.
Une série éclatée et réfléchie
Évoluant dans un univers tenant à la fois de l’ultrafuturisme et de la science-fiction des années 1970, avec des meubles en teck, des teintes orangées et la quasi-omniprésence de la couleur brune, cette première saison de la série Loki permet enfin à l’acteur Tom Hiddleston d’accomplir ce qu’il fait de mieux: parler. On le saura, après tout: les combats, dans les films de l’univers Marvel, sont généralement largement ennuyants, un déluge d’effets spéciaux artificiels. Cependant, développer le caractère des personnages, jouer sur les nuances, évoluer dans le non-dit et dans les sous-entendus, tout cela demande du tact, du doigté: toutes des choses dont disposent heureusement les scénaristes responsables des six épisodes de cette première saison.
Très rapidement, on s’attache aux personnages: pas uniquement celui de Loki (ou des Loki(s)), bien sûr, mais également ceux qui tenteront à la fois de l’aider et de lui nuire, comme celui interprété par Owen Wilson, excellent dans son rôle, ou celui joué par Gugu Mbatha-Raw, qu’on a pu voir dans Doctor Who, ou encore Black Mirror. Notons aussi le jeu particulièrement solide de Sophia Di Martino, l’une des variations de Loki, et qui représentera à la fois la partenaire et l’antagoniste d’Hiddleston.
Si certains moments de cette saison sont parfois quelque peu convenus, et s’il est impossible d’échapper complètement à l’emprise de l’univers Marvel – le scénario s’imbrique évidemment dans la grande trame narrative que l’on nous présente depuis maintenant plus d’une décennie, à grand renfort de millions de dollars –, il ne fait aucun doute que Loki est l’une des propositions les plus originales et les plus divertissantes de Marvel à ce jour.
Il aurait d’ailleurs été tout à fait convenable de s’en tenir là, à seulement six épisodes, plutôt que d’adopter la méthode Marvel de présenter des suites et autres antépisodes jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il y aura toutefois au moins une deuxième saison, et il est permis d’espérer qu’elle sera encore meilleure que la première.