On recense un million de nouvelles infections au coronavirus en Afrique depuis un mois, un record pour une aussi courte période, portant le total à 6 millions. En comparaison, il avait fallu trois mois pour atteindre le précédent million. Et ce n’est probablement qu’une partie de la réalité de cette 3e vague, considérant les ressources limitées en dépistage et même en hospitalisation dans plusieurs régions du continent.
Pendant que l’Organisation mondiale de la santé évalue à 18 le nombre de pays où la situation peut être qualifiée de dramatique, et qu’elle émet des signaux d’alarme sur la présence croissante du variant Delta dans quelques-uns de ces pays, les vaccins se font toujours rares. Et contrairement aux régions des pays riches où le nombre de cas est à la hausse chez les non-vaccinés, mais où le nombre de décès semble s’être stabilisé, en Afrique, le nombre de décès est lui aussi à la hausse, de plus de 40% par rapport à la semaine précédente.
Une situation que dénonçait il y a deux semaines le délégué de l’Union africaine chargé de l’achat de vaccins auprès de la coalition internationale COVAX, rappelant que pendant que les citoyens européens peuvent à nouveau assister à des rencontres sportives, ceux de l’Afrique attendent désespérément les livraisons de vaccins.
Selon les différentes estimations, seulement 52 millions de personnes auraient reçu une seule dose du vaccin. —la population totale des 54 pays du continent est d’un peu plus d’un milliard. Cela représente 1,6% des 3,5 milliards de personnes qui, sur la planète, ont reçu au moins une dose, selon l’OMS.
En fait, c’est le scénario indien qui est évoqué depuis la fin-juin: des ressources hospitalières qui seront poussées au-delà de leurs limites, des pénuries d’oxygène et des patients qui vont mourir dans la rue.
L’OMS recense six pays qui ne produisent que le tiers de l’oxygène dont ils auraient besoin, rapportait cette semaine le Dr Matshidiso Moeti, directeur des opérations de santé pour le continent. L’un d’entre eux est le Congo, où 32 parlementaires sont décédés en mai. Là-bas, 70% des séquençages du virus ont récemment été attribués au variant Delta — plus transmissible que la souche « originale » — mais seulement 2,2% des 90 millions d’habitants de ce pays ont reçu au moins une dose du vaccin, selon les chiffres compilés par le New York Times.
Jeudi, à nouveau, l’OMS en appelait aux pays plus riches pour qu’ils accélèrent les dons de vaccins —et qu’ils remettent à plus tard l’Idée d’une troisième dose. La pandémie « est loin d’être finie », prévenait son directeur général.