Le nombre de personnes vivant dans des conditions s’approchant de la famine a crû de 600% depuis l’éclatement de la crise sanitaire, affirme un nouveau rapport de l’organisation humanitaire Oxfam. Chaque minute, affirme-t-on dans le document, 11 personnes meurent de malnutrition. Les gouvernements des pays nantis sont ainsi appelés à agir rapidement pour contrer ce phénomène qui touche principalement les pays pauvres, déjà davantage menacés par la pandémie.
Le document, intitulé Le virus de la faim se propage, mentionne qu’outre les risques sanitaires liés à la COVID-19, ce sont les conflits qui demeurent la principale cause de la faim dans le monde. Ainsi, les affrontements armés, qu’ils soient internes ou interétatiques, ont poussé quelque 500 000 personnes supplémentaires vers un état de famine, soit six fois plus qu’en 2020.
Au total, « 155 millions de personnes dans le monde vivent désormais dans des conditions d’insécurité alimentaire critiques, ou pire », souligne Oxfam, avant de préciser que c’est là un bond de 20 millions de gens comparativement à l’an dernier.
Toujours dans une optique de lutte contre la faim, les auteurs du rapport précisent que si les gouvernements de l’ensemble de la planète ont dû trouver de nouvelles sources de financement pour combattre les impacts sociaux et économiques de la pandémie, en s’endettant parfois de plusieurs centaines, voire de milliers de milliards de dollars, les dépenses militaires ont progressé de 2,7% durant la même période, soit des dépenses supplémentaires de 51 milliards.
Ce montant est plus de six fois supérieur à ce qu’ont réclamé les Nations unies, en 2021, pour assurer la sécurité alimentaire mondiale, soit un peu moins de 8 milliards.
Les conséquences de la pandémie sont considérés comme étant « la deuxième plus importante cause » d’insécurité alimentaire mondiale, les restrictions servant à combattre la maladie venant accroître les inégalités un peu partout dans le monde. De fait, 100 millions de personnes sont tombées ou retombées dans la pauvreté depuis le début de la crise, bien souvent des membres de groupes marginalisés, et plus particulièrement les femmes. Quelque 2,7 milliards de personnes n’ont reçu aucune aide financière pour faire face aux conséquences de la COVID-19, précise Oxfam.
Enfin, la troisième plus importante cause de l’augmentation de la faim dans le monde, l’an dernier, est l’abondance de catastrophes naturelles, largement imputées aux changements climatiques. En 2020, près de 400 événements environnementaux extrêmes, notamment des inondations et des tempêtes de grande envergure, ont frappé diverses parties du globe, soit principalement des pays déjà affectés par la pauvreté, la faim et l’instabilité, ce qui a contribué à empirer la situation.
À l’instar de la lutte contre l’urgence climatique, Oxfam incite fortement les pays du monde à s’unir et à financer les programmes et initiatives permettant de nourrir adéquatement les populations. Ces démarches comprennent aussi une volonté d’établir des cessez-le-feu entre les diverses factions belligérantes, ainsi qu’une implication des pays fortunés pour non seulement faciliter l’adaptation des pays pauvres à la nouvelle réalité climatique, mais aussi réduire très fortement les émissions polluantes qui engendrent ces dérèglements environnementaux.