Que donneriez-vous pour rejouer aux grands jeux mêlant stratégie, combats tactiques et univers fantastique des années 1990, mais en profitant de mécaniques de jeu revampées et modernisées? La petite équipe de Lavapotion, en Suède, semble avoir compris qu’il existait là un bassin de joueurs nostalgiques, mais aussi des néophytes qui ne demandent pas mieux que de plonger à pieds joints dans ce style. Voici donc Songs of Conquest. Entrevue.
Au bout du fil, Carl Toftfelt, développeur en chef de Lavapotion, semble particulièrement enthousiaste à l’idée de parler de son projet. « C’est un jeu de stratégie et d’aventure; un mélange entre vos jeux d’aventure classiques, les jeux de rôle et les jeux de stratégie 4X (en anglais Expand, Explore, Exploit et Exterminate, NDLR). »
Et d’emblée, les influences sont perceptibles, dit M. Toftfelt. « La plupart des jeux de ce genre ont été publiés dans les années 1990, ou au début des années 2000. Je pense à la série Heroes of Might and Magic, à Age of Wonders, Disciples, et tous les autres… Et ensuite, pour une raison ou une autre, le genre s’est un peu éteint, pendant un temps. Nous nous étions largement inspirés de Heroes II, quand nous avons commencé, mais en grandissant, j’ai consacré beaucoup plus de temps à Age of Wonders« , mentionne-t-il.
Quand l’équipe a commencé à faire du remue-méninges en vue de la conception de Songs of Conquest, les quatre collègues se sont d’abord tournés vers Heroes of Might and Magic, « mais nous voulions voir jusqu’où nous mènerait notre réflexion », confie le développeur, tout en précisant que le désir de l’équipe était de « concevoir un jeu dans ce genre-là, un jeu d’aventure et de stratégie, avec un peu de tout ».
Ce désir est toutefois alimenté par un aspect important de la carrière des quatre membres du studio: si Carl Toftfelt n’est pas originaire du monde du jeu vidéo, mais plutôt du milieu du cinéma et de la télévision, les quatre collègues sont des vétérans de leurs industries respectives. Et de l’avis du principal intéressé, il n’y aurait pas été question de se lancer dans l’aventure de Songs of Conquest s’il s’agissait du tout premier projet des quatre compères.
« Je crois que nous n’aurions même pas les appuis nécessaires pour créer le jeu; notre éditeur, Coffee Stain, nous offre un très bon appui, et ils étaient très enthousiastes », confie M. Toftfelt.
Outre la conception du jeu, ce dernier s’occupe aussi de la création de l’univers narratif, tout en confiant qu’il « est toujours bien épaulé », et ne travaille « jamais seul ».
S’inspirer… et évoluer
À partir des mécaniques de jeu des titres des années passées – et des centaines d’heures d’expérience accumulée par les membres de l’équipe, M. Toftfelt et ses collègues ont eu à se questionner: « Qu’est-ce qui est bon dans ces jeux? Et pourquoi les aimons-nous? Si j’aime ceci et cela, pouvons-nous avoir les deux dans le même jeu? Est-ce que ça fonctionnerait, ou est-ce qu’il y aurait un dysfonctionnement? »
L’équipe a donc débuté ses travaux avec « un jeu vraiment, vraiment gros, d’autant plus que nous étions tous amateurs de jeux de société, qui ont aussi servi de sources d’inspiration. Ensuite, il a fallu simplifier, simplifier, simplifier ».
L’un des résultats de cette simplification, en un sens, est l’utilisation de deux styles visuels complémentaires dans le jeu, soit du pixel art sur la carte du monde et avec les personnages, notamment, mais des graphismes plus « contemporains » dans les menus et l’interface principale… si tant est que le terme « contemporain » puisse être utilisé dans ce sens.
« La raison un peu terre à terre pour expliquer cette différence, c’est que c’est très long de faire du pixel art. Plusieurs personnes pensent que c’est plus rapide, mais non! Ce que vous voyez dans le jeu qui n’est pas en pixel art, nous avions envisagé d’aller de l’avant avec ce style, mais c’est plus rapide » de ne pas procéder de la sorte, confie M. Toftfelt.
« Ça prend des mois de travail » pour produire du pixel art, a-t-il ajouté.
Quatre ans de préparation
L’équipe de Lavapotion travaille sur Songs of Conquest depuis 2017, et a attendu deux ans avant de présenter un premier aperçu lors de l’édition 2019 de l’Electronic Entertainment Expo (E3). « Nous avons essayé plusieurs choses, nous avons sollicité l’avis de diverses personnes… Et nous avons annoncé le projet en 2019 pour voir si les gens allaient aimer ça, et la rétroaction a été très positive. Nous avons ensuite lancé une communauté sur Discord… et cette communauté a pris beaucoup d’ampleur avec le passage à l’édition 2021 de l’E3 », indique Carl Toftfelt.
Et à l’approche de la date de sortie prévue pour le jeu, au premier trimestre de l’an prochain, l’équipe de Lavapotion est-elle certaine de respecter les délais? « Le jeu est pratiquement terminé… environ 90% des fonctionnalités prévues sont déjà là », dit M. Toftfelt. « Le jeu est jouable depuis un certain temps », même s’il faut encore apporter certaines modifications.
L’équipe ne prévoit d’ailleurs pas emprunter la voie de l’accès anticipé. « Nous ne voulons pas nous engager à 100%, mais ce n’est pas du tout dans les plans. Nous prévoyons de lancer le jeu, et c’est tout. »
Les regards des joueurs se tourneront donc vers le début de 2022, qu’ils soient des habitués du genre, ou des nouveaux arrivants, curieux de découvrir ce mélange intrigant d’influences établies et de nouvelles idées.
Pour écouter l’entrevue complète avec Carl Toftfelt (en anglais), dans le cadre du podcast SVGA, cliquez ci-bas: