C’est un solo! C’est une fiction! C’est une pièce de théâtre! Que dis-je, c’est une pièce de théâtre: c’est un récit musical! Peu importe le qualificatif qu’on lui applique, Design intérieur, présentée sur les planches de Duceppe du 16 au 20 juin, s’éloigne certainement des clichés que l’on attribue habituellement aux spectacles estivaux.
Mais qu’est-ce que c’est, d’ailleurs, un récit musical? Au bout du film, Brigitte Saint-Aubin, auteure et interprète de ce spectacle mis en scène par Eric Jean, explique « qu’il est difficile de mettre un nom sur une forme… ou des fois sur un style musical ».
« Mon spectacle, je devais le mettre dans une petite boîte avec des mots les plus précis possibles. Mais en même temps, je trouvais que « comédie musicale », pour la manière dont je raconte mon histoire – qui est une autofiction –, il y a beaucoup de niveaux de récit. C’est un récit: autant je raconte de manière directe, avec un vocabulaire très simple, assez du tac au tac, c’est presque du stand-up, et puis pouf!, soudainement, c’est du théâtre, avec des personnages que je joue, avec des situations dramatiques, puis ça voyage tout à coup en chanson, qui me permet d’exprimer différemment des choses, de façon plus poétique. »
« Je trouvais que « comédie musicale » ça nous amenait ailleurs; c’est un solo, ce qui est plus rare dans les comédies musicales », poursuit l’artiste. « Je trouvais que récit, ça correspondait mieux au style théâtral de ma proposition. »
Mme Saint-Aubin a beau évoquer une « autofiction », elle convient par ailleurs tout de suite qu’une grande part de l’oeuvre est autobiographique. « C’est un récit qui raconte l’histoire d’une femme de 45 ans qui retourne au cégep, en design d’intérieur, suite au décès de sa mère. Et ça, c’est vraiment arrivé. Suite au décès de ma mère, j’étais fatiguée de ma création, fatiguée de… je ne savais plus pourquoi je faisais les choses. Je n’étais pas en dépression, parce que la dépression, je trouve que c’est un terme très lourd. Mais j’étais en grand questionnement sur le sens de la vie, parce que je pense que le deuil t’amène là. Surtout le deuil d’un des parents qui t’a donné naissance. C’est comme s’il te donnait le bâton, au relais, et que c’était rendu à toi d’être devant la file et à courir. »
L’artiste évoque aussi un « carrefour où c’était le bon moment pour changer de carrière », dans un contexte de « reconstruction » personnelle.
Sur scène, Mme Saint-Aubin se fait donc tour à tour narratrice, humoriste, chanteuse; elle sera d’ailleurs accompagnée de trois musiciens qui viendront compléter l’expérience que vivront les spectateurs.
Ces derniers sont d’ailleurs « emmenés dans ma grotte, et je tiens un fil d’Ariane, et je vous emmène à travers le récit, sans qu’on s’en rende compte », poursuit l’artiste.
« Est-ce que je réussis à toucher l’histoire? Est-ce que mon histoire, si tu l’entends, tu auras l’impression qu’elle a été écrite pour toi? Est-ce que tu réussiras à te projeter dans mon histoire? », s’interroge Mme Saint-Aubin, qui met de l’avant ce questionnement comme force motrice guidant la production de son spectacle.