La réputation des Black Keys n’est certainement plus à faire: la musique est solide, les accords sont entraînants, et les deux compères se sont solidement positionnés comme une référence en matière de rock et de blues. Delta Kream, le 10e album studio de la formation, représente à la fois un hommage et un cadeau aux mélomanes, à l’occasion du 20e anniversaire du groupe.
Dixième disque, donc, avec pour thème la langueur et la chaleur de la musique rock et blues du Sud américain, cette musique lourde de sonorités, de percussions et de cordes de guitare pincées qui évoquent la chaleur et l’humidité, mais aussi la passion de la distorsion, ce crachement des amplis qui vient vous chercher directement dans les tripes.
Sur la pochette, l’inspiration est claire: il s’agit d’une vieille bagnole, un monstre d’acier et de chrome tout droit sorti des années 1970 et 1980. Le tout devant un casse-croûte ne payant pas de mine. Symboles d’une époque pas tout à fait révolue où les moteurs faisaient du bruit, les voitures prenaient de la place, et le bruit des haut-parleurs enterrait tout le reste sous une avalanche de notes métalliques.
La musique de Delta Kream est une musique riche, puissante, sale, même. Sale comme seule peut l’être une musique rock et blues authentique, avec des musiciens en sueur dans une salle au plafond trop bas, des verres de bière et des cigarettes qui achèvent de se consumer dans des cendriers.
Les pièces de l’album, 11 en tout, plus une version modifiée du tout premier titre, l’excellente Crawling Kingsnake, s’égrènent à la manière d’un road trip; souvent construites en fonction de rythmes de base qui reviennent encore et encore, les chansons évoquent l’interminable voyage en voiture, les vitres baissées, alors que défile soit un paysage vide de champs en jachère, soit des villes usées par le temps, la pluie et la pollution.
Au-delà de Lonely Boy, par exemple, sur l’album El Camino, ou encore I Got Mine, sur Attack & Release, les pièces de Delta Kream ne semblent pas être conçues comme des succès qui restent en tête, mais l’oeuvre est plutôt de longue haleine, un produit culturel qu’il fait bon prendre le temps de découvrir et de déguster.
L’aventure musicale à laquelle nous convient Dan Auerbach et Patrick Carney est loin d’être terminée, fort heureusement, et Delta Kream est la preuve irréfutable que les deux hommes ont encore la musique tatouée sur le coeur. Mieux encore, ils ont les moyens de leurs ambitions, et peuvent donc offrir des bijoux, comme ce nouvel album, qu’il fera bon de réécouter pour en savourer toutes les subtilités, tous les accents.
Abonnez-vous à l’infolettre!
Encouragez Pieuvre.ca
L.W., la conclusion microtonale de King Gizzard and the Lizard Wizard