Qu’est-ce qui fait un bon film de zombies? Bien des réalisateurs continuent de se casser les dents (sans jeu de mots) sur cette question, et si l’on peut possiblement avancer une liste des long-métrages de ce genre qui sont réussis, il est désolant de constater que même avec des moyens considérables, Zack Snyder rate la cible dans Army of the Dead.
Las Vegas a été envahie par les morts-vivants. À un point tel, en fait, que la capitale américaine du vice a été abandonnée aux hordes de bouffeurs de cerveaux. C’est dans ce contexte que le président américain, dans une référence aucunement subtile à Donald Trump, décide de lâcher une bombe atomique sur ladite ville, histoire de se débarrasser du problème.
Pour Dave Bautista, cependant, cette apocalypse nucléaire est synonyme d’opportunité. Membre des forces armées qui ont tenté d’évacuer les civils encore vivants avant la fermeture de la barricade qui entoure désormais Vegas, il s’est depuis retrouvé sans emploi vraiment gratifiant, et est coincé dans un boulot médiocre de cuistot dans un boui-boui. L’opportunité, donc, se présente sous la forme d’Hiroyuki Sanada, qui joue un homme d’affaires étrange et quelque peu louche qui lui propose de récupérer 200 millions de dollars se trouvant dans une voûte, sous un casino destiné à être annihilé par le bombardement à venir.
De cette somme, Bautista (et les membres de son équipe) pourra conserver 50 millions. De quoi se refaire une vie, certainement.
En fait, la formule est classique: c’est l’histoire du gang, avec les amis, les spécialistes essentiels (ici, un homme capable de forcer les coffres-forts, sans oublier la pilote de l’hélicoptère servant à prendre la fuite avec l’argent), mais aussi les gros bras, et même, dans ce cas-ci, la fille du personnage principal, qui souhaite retrouver une femme et ses amies parties dans Vegas pour trouver assez d’argent pour refaire leur vie et celle de leurs enfants.
Doubles parallèles
Car Army of the Dead, non content d’établir un parallèle qui pourrait être intéressant entre l’appât du gain ayant cours à Vegas et la faim tenaillante des zombies, installe aussi un camp de réfugiés/immigrants contre la barricade. De là à mettre les nouveaux arrivants et les demandeurs d’asile sur un pied d’égalité avec les morts-vivants, il n’y a qu’un pas, et disons que Zack Snyder ne brille certainement pas par sa subtilité. On aurait bien blâmé le scénariste, ou encore la personne responsable, mais comme il s’agit aussi de Zack Snyder, la faute est définitivement du côté de celui qui nous a donné une interminable version de Justice League, le tout en noir et blanc et en format 4:3.
Outre les comparaisons sociales faiblardes, Army of the Dead possède quelques petits moments sympathiques, comme ces échanges entre Bautista et sa fille. Entendre l’ex-lutteur et dur à cuire évoquer la mise sur pied d’un camion de bouffe de rue spécialisé en tofu est assez rigolo. Mais c’est quand le film tente de présenter de l’action que les choses se gâtent.
On peut probablement oublier les étranges champs et contrechamps qui font en sorte que les personnages au centre d’une scène sont souvent mis de l’avant sur un fond flou. L’erreur est humaine, après tout, et Zack Snyder n’en est pas à sa première manie cinématographique.
Ce qui est inexcusable – et franchement désolant –, c’est de constater que malgré les moyens, malgré la distribution relativement solide, malgré les possibilités scénaristiques, Army of Dead ressemble aux centaines d’autres films de zombies qui viennent atterrir sur les étagères des pharmacies, pour y être vendus à 2 pour 10$.
Les rebondissements sont prévisibles, les personnages ne sont pas assez développés, les relations entre les protagonistes demeurent au niveau des pâquerettes, et si on a bel et bien droit à une fort satisfaisante dose de gore, avec jets de sang, tripes qui s’étalent sur les murs et têtes qui explosent, des effets spéciaux réalisés par ordinateur ne sont certainement pas garants, à eux seuls, du succès d’un film.
On termine donc les deux heures consacrées à Army of the Dead en se disant que les gens de chez Netflix ont le tour pour vendre un produit. Il faudrait peut-être qu’ils s’attaquent à la question de la qualité, mais, ultimement, à quoi bon? Les gens l’écouteront quand même.