Substituer à notre portion de viande une ration de fromage réduit-il notre empreinte carbone? Pas forcément, constatent le Détecteur de rumeurs et Unpointcinq.
Tout dépend de la viande dont on parle. La production d’un kilo de fromage émettrait environ 1,5 fois plus de gaz à effet de serre (GES) que celle d’un kilo de porc, et environ 2,3 fois plus que la même quantité de poulet, concluait en 2017 une analyse de 369 études réalisées partout dans le monde.
À elle seule, la production de lait est responsable de 94% des 8,8 kg d’équivalent (éq.) CO2 émis par la production d’un kilo de fromage à pâte semi-dure, selon une analyse de cycle de vie (ACV) réalisée en Suède, un pays au cocktail énergétique comparable à celui du Québec.
Et il faut se rappeler que produire du lait émet environ 1,3 kg éq. CO2 par litre (moyenne mondiale), principalement à cause du méthane — un GES qui est 25 à 30 fois plus puissant que le CO2 — produit par l’élevage des ruminants (vaches, moutons, brebis, etc.): les fameux pets de vaches, ou plutôt leurs rots. Et il faut environ 10 litres de lait pour produire un kilogramme de fromage.
La contribution du lait au réchauffement planétaire varie toutefois en fonction de son lieu de production et de la source d’énergie employée, et elle n’est pas figée dans le temps. Au Québec, l’empreinte carbone d’un litre de lait est passée de 1,02 à 0,93 kg éq. CO2 entre 2011 et 2016, selon un rapport du Groupe Agéco de 2019.
Pas tous égaux sur la balance climatique
Le cheddar serait l’un des fromages les plus prodigues en GES – avec des variations de 8,70 à 16,35 kg éq. CO2 par kilo produit aux États-Unis, selon une étude publiée en 2017 dans le Journal of Cleaner Production. Dans l’ordre suivaient le fromage à pâte semi-dure (comme le Monterey Jack), la mozzarella, le fromage de chèvre et le camembert. L’étude est une compilation d’analyses de cycles de vie produites dans différents pays occidentaux.
À l’inverse, l’un des fromages à plus faible impact carbone serait le cottage, d’après une étude canadienne de 2013. Contrairement aux autres « frometons », sa fabrication ne nécessiterait qu’environ deux litres de lait, explique l’analyste du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), Dominique Maxime, qui est aussi l’un des coauteurs de l’étude.
« D’un type de fromage à l’autre, l’empreinte carbone est assez variable, principalement selon la quantité de lait requise », précise-t-il.