Les conséquences de la pandémie de COVID-19 continuent de se préciser: outre le très lourd bilan en matière de santé, avec plus de 3 millions de mort des suites de la maladie, on dénoterait des pertes économiques particulièrement importantes chez les femmes, selon une récente note d’information d’Oxfam. Ainsi, ce sont quelque 800 milliards de dollars qui auraient disparu des poches d’une population souvent déjà plus fragilisée depuis l’éclatement de la crise.
De l’avis de l’organisation, ces pertes financières sont plus importantes que le PIB réunis de 98 pays, soit près de la moitié des nations du monde. Au total, plus de 64 millions d’emplois occupés par des femmes auraient disparu l’an dernier, soit une perte de 5% des postes. Chez les hommes, le recul est moindre, à 3,9%, affirme Oxfam.
« On savait que les retombées économiques de la pandémie de COVID-19 avaient eu un impact
plus sévère sur les femmes mais on mesure maintenant plus précisément celui-ci, commente la
directrice générale d’Oxfam-Québec », Denise Byrnes.
Au dire de cette dernière, « les femmes sont sur-représentées dans les secteurs offrant de faibles salaires, peu d’avantages, et les emplois les moins sûrs. Au lieu de s’attaquer à cette situation, les gouvernements ont continué à bâtir leur économie sur le travail des femmes sans prendre les mesures nécessaires et cela a couté à celles-ci au moins 800 milliards en salaires perdus ».
Oxfam n’en est d’ailleurs pas à sa première charge contre les effets délétères de la pandémie, qu’ils s’avèrent ou non plus marqués chez les femmes que chez les hommes. Ainsi, l’organisation indiquait en janvier que les 1000 personnes les plus riches du monde avaient, en neuf mois à peine, regagné tout l’argent perdu depuis le début de la pandémie, alors qu’il faudra 10 ans aux plus pauvres pour se relever des contrecoups économiques de la crise.
Dans le cadre d’un sondage effectué auprès de 295 économistes, 56% d’entre eux ont également estimé que les inégalités économiques entre les hommes et les femmes iront en s’amplifiant, ces dernières occupant, encore une fois, des emplois plus précaires.
À la mi-mars, les Nations unies indiquaient que les contraintes découlant des diminutions de services publics un peu partout dans le monde avaient mené à plus d’un million de grossesses non désirées, particulièrement dans les pays plus pauvres.
Toujours en mars, des chercheurs ont indiqué que les confinements successifs avaient sapé « des décennies de gains en matière de féminisme et de place des femmes sur le marché du travail », ces dernières étant disproportionnellement plus poussées à demeurer à la maison pour s’occuper des enfants.
« Les femmes ont été pénalisées à l’échelle mondiale mais aussi chez nous au Québec où 68% des emplois perdus en un an étaient occupés par elles, indique d’ailleurs Denise Byrnes. Pour celles qui ont eu la chance de garder leur emploi il y a souvent eu d’autres répercussions comme par exemple la charge mentale accrue et les difficultés à concilier le télétravail et les responsabilités familiales. »
Mme Byrnes demande ainsi « aux gouvernements du monde entier de concevoir des économies différentes qui rompent avec les modèles qui pénalisent les femmes actuellement ». Et cette relance passerait notamment par la reconnaissance du travail non rémunéré, encore une fois très largement accompli par les femmes.