Le débat sur le salaire minimum à 15$, au Québec, est-il déjà dépassé? Les gens de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) semblent le penser; dans une nouvelle note socio-économique publiée cette semaine, on affirme ainsi que le salaire minimum doit s’établir à 18$ de l’heure pour que chaque personne dispose d’un revenu viable, soit les entrées d’argent suffisantes pour échapper à la pauvreté.
Pour parvenir à ce taux, les chercheurs évoquent le concept de vie digne, au-delà du seuil de pauvreté, une situation économique en vertu de laquelle des individus seuls peuvent subvenir à leurs besoins de base, mais aussi disposer de sommes supplémentaires pour couvrir d’autres dépenses, ou pour réaliser des économies.
En fonction de cette vision, il faudrait gagner, chaque année, entre 24 433$, à Saguenay, et 32 607$, à Sept-Îles, pour se trouver dans cette situation, qui équivaut à 1,3 fois la Mesure du panier de consommation, soit le prix de toutes les denrées et services essentiels. À Montréal, lit-on dans la note, ce montant s’établit à 28 783$ par an.
« Le revenu viable met en évidence des situations de pauvreté » qui échappent aux décideurs qui ne s’appuient que sur la « limite » du prix du panier de consommation, ce qui laisserait de côté les aînés qui n’obtiennent que les aides minimales de l’État, ainsi que les gens devant se contenter du salaire minimum, qui s’établit actuellement à 13,50$ de l’heure.
Et puisque la pandémie a davantage touché les personnes et les ménages dont le revenu se situait déjà sous le revenu viable, ou aux alentours de celui-ci, soulignent les chercheurs, il est essentiel « de prioriser l’amélioration des revenus du 20% le plus pauvre de la population sur celle des revenus du 20% le plus riche ».
L’IRIS évoquait déjà, en novembre dernier, la notion de « revenu viable », en affirmant qu’environ un Québécois sur cinq évoluait justement dans cette zone grise entre le seuil de pauvreté et le niveau de revenu à partir duquel il était donc non seulement possible de répondre à ses besoins immédiats, mais aussi d’effectuer des achats supplémentaires ou d’économiser en vue d’éventuels coups durs, ou de rembourser des dettes.
Cette fois, alors que la crise de la COVID-19 se poursuit, les auteurs de la nouvelle note socio-économique mettent de l’avant trois enjeux auxquels le gouvernement devrait s’attaquer: mettre à jour le seuil de la Mesure du panier de consommation, histoire que celui-ci soit ajusté en fonction des transformations économiques lorsque vient le temps d’adapter les politiques sociales qui s’appuient sur celui-ci; trouver une façon de développer le revenu viable, ou quelque chose d’équivalent, dans l’ensemble du Québec, et prioriser l’amélioration des revenus et des conditions de revenu des 20% des Québécois les plus pauvres.