Les causes des séquelles à long terme de la COVID-19 restent mystérieuses, mais les statistiques, elles, s’accumulent: un patient sur trois à avoir survécu aux symptômes les plus sévères de la COVID-19 était diagnostiqué, six mois plus tard, avec un problème neurologique ou psychiatrique.
Cette nouvelle étude, parue le 6 avril, qui serait la première de cette ampleur sur ce sujet, s’inscrit aussi dans les recherches autour de ce qu’on appelle la « COVID longue » ou « COVID à long terme », et qui mystifie encore la communauté médicale: un très grand nombre de gens, et pas juste ceux qui ont été gravement malades, continuent d’éprouver des symptômes pendant des semaines, voire des mois.
Pour faire bonne mesure, les chercheurs de l’Université Oxford ont comparé les données sur plus de 230 000 patients diagnostiqués de la COVID-19 avec les données de trois autres groupes: les patients qui avaient eu un diagnostic de grippe, ceux qui en avaient eu un d’une maladie respiratoire (sinusite ou pneumonie), et ceux qui avaient été hospitalisés pour une cause différente, comme une fracture. Résultat: six mois plus tard, avoir eu la COVID-19 serait 44% plus grave que d’avoir eu la grippe, quand on prend en considération les 13 troubles définis par les chercheurs.
Ces troubles incluent l’anxiété (17% des cas), et les troubles de l’humeur (13%), ce qui suggère que n’importe quel groupe composé de gens qui n’ont pas été hospitalisés aurait lui aussi contenu un certain pourcentage de ces symptômes. C’est donc l’écart entre les « ex-COVID-19 » et les autres que les chercheurs essayaient de traquer.
À l’autre extrémité du spectre, 0,6% des patients ont eu une hémorragie cérébrale et 2,1%, un ACV.
Jusqu’ici, lorsqu’on évoque la « COVID-19 longue », on parle souvent de fatigue, de douleurs musculaires et articulaires, de maux de tête, d’une persistance d’une perte du goût et de l’odorat, ou de problèmes respiratoires. Mais ce n’est pas la première fois que l’hypothèse d’un impact au niveau neurologique est évoquée. Le stress inhérent au fait d’avoir eu la COVID et d’avoir été hospitalisé, pourrait être un facteur psychologique. Mais plusieurs spéculent sur la possibilité qu’il existe aussi un facteur biologique: sachant que le virus peut avoir un impact sur le sens de l’odorat, il est possible, en théorie, que cela veuille dire que le virus atteint le cerveau par le bulbe olfactif. Des inflammations ailleurs dans le corps — autre symptôme courant — pourraient par ailleurs nuire au flux sanguin vers le cerveau, au point d’expliquer des cas de caillots sanguins — les fameuses thromboses. Mais tout cela reste encore hypothétique.
« Plusieurs des troubles identifiés dans cette étude tendent à être chroniques ou récurrents », lit-on dans un commentaire publié par The Lancet Psychiatry en accompagnement à cette étude. « De sorte que nous pouvons anticiper que les impacts de la COVID-19 seront avec nous pendant des années. »